Qui cabotine le plus, Sean ou Javier ?

Malgré la présence de Pierre Morel à la réalisation; dont Banlieue 13 et Taken m'avaient pourtant déjà bien fatigué (j'ai fait l'impasse sur From Paris With Love); je me suis dit qu'avec un casting masculin aussi imposant : Sean Penn, Javier Bardem, Idris Elba et Ray Winstone, le film n'allait pas être si mauvais que ça et pourtant.....


"Pierre Morel est un réalisateur français spécialiste du film d'action" après avoir lu cette affirmation, j'ai eu envie de rire, puis de me crever les yeux. Alors certes, c'est un brin radical mais quand ce type n'est pas capable de filmer une scène d'action correctement, on ne peut pas écrire cela, c'est impossible où alors on aime pas le cinéma, mais alors vraiment pas! Mais il y a pire, en l'occurrence ne pas savoir diriger ses acteurs et quand on a Sean Penn et Javier Bardem en face, ça peut vite devenir du grand n'importe quoi. Dans la catégorie : "je laisse une grande liberté créatrice aux interprètes", Pierre Morel se pose en immense champion, mais est-ce totalement sa faute ? Bien sur que non, ce n'est au final qu'un faiseur sans talent créatif, le vrai problème étant Sean Penn, la tête d'affiche mais aussi producteur et scénariste. Il est l'instigateur de ce projet, mais aussi talentueux soit-il, depuis son oscar pour Harvey Milk sous la direction d'un grand réalisateur Gus Van Sant, il retombe dans un de ses travers : le cabotinage.


La mode est aux films d'action porté par des acteurs d'un certain âge, pour ne pas dire vieillissant. Liam Neeson a ouvert la voie, s'offrant un second souffle dans sa carrière vacillante avec Taken de Pierre Morel, comme c'est original. A la différence que Sean Penn n'a pas d'enfant, ça varie un peu les plaisirs....Par contre, il s'est taillé un corps sculptural pour les besoins du film et il va l'exhiber sous tout les angles, cela ravira les demoiselles et certains messieurs, mais cela n'apporte rien à l'histoire. Cela ressemble plus à un "show" Sean Penn : il est amoureux, triste, pas content, vraiment pas content, attention un sourire, serre la mâchoire, prend une douche puis une autre, rampe, conduit une voiture, parle au téléphone, se caresse les tétons, tripote sa partenaire, regard langoureux, etc....Déjà lors de la première scène, cela ne sent pas très bon tant il avale la bouche de Jasmine Trinca dont il est éperdument amoureux, sous le regard malveillant de Javier Bardem, on comprend que la subtilité ne sera pas au rendez-vous. Le concours de celui qui cabotinera le plus vient d'être lancé et à ce petit jeu, Javier Bardem est imbattable si on le laisse faire, ce qui sera malheureusement le cas. Pour ne rien arranger, notre "héros" est traumatisé par un meurtre, sans vraiment savoir pourquoi...tout en ayant un souci de santé, sans oublier un amour perdu, c'est presque la panoplie complète du "héros fragile mais plus fort que la mort". Mais je dois reconnaître son intelligence, car à un moment dans le film, il sacrifie sa 205 pour fuir en BMW ou Audi, je sais plus trop et ce moment de lucidité, mérite le respect!
Le film traite soi-disant de géopolitique, sous couvert d'un film d'action, c'est tellement nuancé que l'on ne s'en aperçoit jamais....On passe du Congo à l'Angleterre, puis l'Espagne, d'une ONG aux tours financières et à une hacienda, pour dénoncer ces salauds de riches qui se font de l'argent sur le dos des minorités. Alors certes, le propos est intéressant mais noyé dans l'immensité d'un scénario inintéressant, un jeu d'acteurs grand guignolesque et une réalisation affligeante.
En plus des deux grands cabotins cités plus haut, il faut citer Mark Rylance assez impressionnant, leur volant presque la vedette, mais le niveau était trop élevé, une prochaine fois...On peut se demander ce qu'est venue faire Jasmine Trinca dans ce naufrage, on va dire qu'elle a été influencé par ses partenaires, tant elle offre une palette d'expressions monolithique. Pourtant elle a tourné plusieurs fois pour Nanni Moretti et Michele Placido, de quoi s'attendre une meilleure performance...Sinon, il y a Idris Elba mais genre 5 minutes à l'écran, voilà.....


Gunman est un produit qui ravira ceux qui aiment les explosions, les aberrations, les approximations, les abdominaux, les plans carte-postales de Barcelone et Londres, par contre il n'y a pas de seins nus, vous pouvez pleurer! Mais si vous avez besoin d'un minimum de réflexion, d'un scénario cohérent, d'acteurs en état de grâce et d'une réalisation efficace, n'entrez pas dans la salle et si c'est le cas, ne dites pas que je ne vous avais pas prévenu!

easy2fly
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le 28 juin 2015

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Laurent Doe

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