La sortie au Japon de deux long-métrages adaptant le manga Haikara-san ga Tôru de Waki Yamato me permet enfin de découvrir cette œuvre. Le manga en question avait déjà été transposé en une série d'animation de 42 épisodes, diffusée en France sous le titre Marc & Marie, mais je n'ai pas encore eu l'occasion de la regarder.


L'histoire se déroule à Tokyo, pendant l'ère Taisho. Benio Hanamura (Marie) est une jeune fille moderne, apprenant à l'école à devenir une parfaite épouse, une perspective qui ne l'enchante guère ; contrairement aux mœurs de l'époque, elle préférerait épouser un homme qu'elle aimerait au lieu de quelqu'un choisi par ses proches. Il se trouve que le quelqu'un en question se nomme Shinobu Ijûin (Marc), sous-lieutenant de l'armée impériale. Et comme de bien entendu, Benio ne supporte pas son fiancé.


Bon. Commençons par l'aspect qui fâche. Je ne surprendrai personne en indiquant que Benio et Shinobu vont effectivement tomber amoureux. Or, je trouve le procédé beaucoup trop facile. Benio se veut moderne, mais à aucun moment elle ne devra choisir entre son devoir familial ou épouser l'homme qu'elle aime, entre la pression sociale ou sa liberté. Car les deux se confondent. Je veux bien que ce ne soit pas le propos, et que si l'héroïne nous est présentée comme atypique pour l'ère Taisho, cela n'en demeure pas moins l'ère Taisho. Mais quand même, cela m'a fait le même effet que pour Les Noces Funèbres, une légère déception de voir les personnages rentrer dans le moule de leur plein gré et sans avoir à abandonner quoi que ce soit en échange.


Revenons au premier film. Celui-ci adapte la première partie du manga, soit trois tomes. Cela peut sembler beaucoup, et je confirme qu'il se passe énormément d'événements en seulement 97 minutes. En tant que spectateur découvrant cette histoire - je ne m'étais pas renseigné à l'avance, je savais juste que le titre m'intéressait car populaire au Japon - je n'ai pas été perdu, tout s'enchaine de manière logique et les sentiments des deux protagonistes évoluent sans trop d’à-coups. Même si ceux de Benio paraissent un peu extrêmes vers la fin, compte-tenu de ce qui s'est passé jusque-là, mais je n'en dirai pas plus. Pour avoir eu un petit aperçu de la série TV, j'ai l'impression que celle-ci donne plus de place aux bêtises de l'héroïne (ainsi qu'à des mimiques typiques des shôjo manga des années 70), ce qui suggère qu'elle permet plus aisément de s'attacher aux protagonistes. Il faudrait vraiment que j'y jette un coup d’œil.


En parlant de mimiques (transition), celles-ci sont absentes du film à quelques rares exceptions près. Disons que je l'ai trouvé globalement très lisse, sans grand recherche visuelle sinon dans la reconstitution de l'ère Taisho, avec une technique assez banale que nous trouverions sans doute aisément dans une production destinée à la télévision. Certains aspects du chara-design, ainsi que l'aspect shôjo dramatique - qui sera très probablement plus marqué dans la suite - témoignent de l'époque à laquelle l’œuvre d'origine fût écrite, mais cela se ressent finalement peu et ne sera peut-être pas remarqué par qui ignore qu'il s'agit d'une adaptation. La technique ne dessert pas l'histoire, mais nous ne pouvons pas dire qu'elle apporte la moindre valeur ajoutée. Cette production ne peut donc compter que sur son scénario et ses personnages.


Du côté du scénario, cela tient la route, même si là encore, je sens que l'aspect le plus épique et dramatique nous attend dans le second film (qu'il me tarde de découvrir), tandis que ce premier long-métrage sert plus à la mise-en-place. Ce qui ne signifie pas que ce-dernier ne serve à rien, bien au contraire ! C'est celui durant lequel les sentiments des deux personnages principaux vont murir et s'épanouir, et où ils devront faire d'importants choix de vie. Il s'avère donc indispensable.
Les personnages, justement, m'ont beaucoup plu ; et j'aimerais voir la série TV (c'est jouable mais en mauvaise qualité et en VF ) ou lire le manga (il ne sera jamais publié en France) pour en savoir plus sur eux. Benio, en particulier, est typiquement le genre d'héroïne que j'adore : turbulente, forte-tête, balaise dans ses domaines de prédilection et catastrophique dans tous les autres, et qui ne renonce jamais. Son tempérament en fait aussi un ressort comique, de même que son penchant pour l'alcool.


Ce premier film aurait vraiment gagné à avoir une direction artistique plus marquée et une technique plus soignée, d'autant que nous ne ressentons pas énormément les spécificités des shôjo des années 70, mais cela ne m'a pas empêché de prendre plaisir à découvrir cette histoire dans laquelle je souhaitais me plonger depuis longtemps. Il me tarde désormais de voir la suite.

Ninesisters
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste [Les Incontournables] Les films d'animation japonais

Créée

le 23 déc. 2018

Critique lue 635 fois

1 j'aime

Ninesisters

Écrit par

Critique lue 635 fois

1

Du même critique

Evangelion 3.0 : You Can (Not) Redo
Ninesisters
10

La prochaine fois, j'enlève le bas !

Si je suis légèrement moins emballé que pour les deux premiers opus, je trouve quand même qu’il s’agit pour l’instant du meilleur de la saga. Paradoxe ? Incohérence ? Disons que mon impression est à...

le 30 avr. 2013

43 j'aime

Hellsing Ultimate
Ninesisters
9

Critique de Hellsing Ultimate par Ninesisters

Kôta Hirano est un mangaka plus connu pour la qualité de ses boucheries, enfin de ses manga, que pour son rythme de publication. Ainsi, après le succès d’un premier anime qui ne reprenait finalement...

le 13 mars 2013

38 j'aime

1