Soyons clair, je n'ai jamais eu une quelconque attente vis à vis de ce Halloween, que ce soit par rapport à la filmographie de Rob Zombie ou bien au respect du matériel original, dont je n'ai d'ailleurs vu que l'exceptionnelle scène d'introduction. Et en cela je pense avoir évité une déception plus importante. Mais alors pourquoi parler de déception alors que je n'attendais rien de spécifique de ce film ?

Au départ c'est avant tout un projet foireux comme l'ont été les nombreux remakes de classiques de l'horreur dans les années 2000, éternel recyclage de sagas en perte de public. Sauf que dès les premières minutes, Rob Zombie nous fait une promesse. Avec sa bande-son rock et surtout sa mise en place des protagonistes, Halloween commence par nous imprégner de cette ambiance sale et malsaine dans laquelle grandit un jeune Micheal Myers déjà perturbant en se cachant derrière son masque ou en jouant avec ses rats de compagnie. Mais cet atmosphère dérangeant réussi aussi le tour de force de nous faire ressentir de la pitié pour un garçon déjà violent sans jamais utiliser les habituels ressorts tirent-larmes. Pourtant on nous fait très vite comprendre que plus rien ne pourra faire changer notre futur tueur en série jusqu'à ce que je considère comme la meilleure du film, celle par laquelle débute le film de John Carpenter. Exit la vue subjective, la mise en scène de Rob Zombie préfère d'avantage jouer sur la furtivité, multipliant les angles de vues pour passer de la victime au prédateur. Autant le dire la tension est à son comble. On sent au travers de ces premiers meurtres une véritable envie d'innovation dans la réalisation, ce qui ne sera pas vrai pour le reste du film.

Ce "reste du film" qualifie en réalité tout ce qui se situe après les 30 premières minutes quand Micheal est devenu adulte. A partir de là la notion de développement psychologique passe à la trappe, bien que l'on ait eu droit avant à un vrai traitement de fond. On sent alors que Rob Zombie veut revenir au slasher bourrin et sanguinolent sans pouvoir aller au bout de son délire, obligé de présenter les nouveaux protagonistes pendant de longs moments. Et quand le slasher repart enfin, on est très loin de la qualité des premiers meurtres. Le grand méchant est stoïque, les victimes sont assassinées sans inventivité ni plaisir et les héros avancent à reculons. Le rythme devient artificiel et la scène finale s'étire en longueur, Rob Zombie n'est plus. Mais où est donc passé le réalisateur capable de se lancer dans des délires hystéro-gores et sexuels complètement assumé et décomplexés avec une certaine fierté ? A la fin du film je me suis convaincu que si ce n'était pas aussi abouti que l'introduction, ce avait dû servir de brouillon à l'excellent The Devil's Rejects. Quelle naïveté. Car oui, Halloween est sorti après ce grand cirque de l'horreur, à croire que les studios ont bridés notre réalisateur.

On sort d'Halloween avec un goût amer en bouche, celui du trop peu.
Bat-e-man
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le 6 oct. 2013

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I Bat(e)man I

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