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Le Helter Skelter de Rob Zombie (Critique de la version Director's Cut)

Avec ce "Halloween II", Rob Zombie fait un joli pied de nez aussi bien à la convention des remakes, suites ou univers de sagas mythiques que nous avions l'habitude de voir et à sa large gamme d'adaptations formatées et gentilettes qu'à la restriction artistique imposée par ses producteurs. Considéré comme un saccage et un non-respect de la saga menée en tête par Carpenter, avec son lot d'idées débiles,cette version est pourtant la suite la plus originale de toute la saga. Faire un remake d'"Halloween" n'avait pas grand intérêt pour lui, encore moins de faire une suite à Halloween Ressurection. C'est pourquoi son remake de 2007 était étonnamment réussi, étant parvenu à creuser la psychologie du personnage, son for intérieur, et à épaissir sa genèse mais ayant échoué dans la reconstitution des scènes impliquant sa soeur ,Laurie, dans le film de '78. Avec cette suite (qui n'est nullement un remake du "Halloween 2" de Rick Rosenthal ), il n'avait plus à suivre un chemin déjà tout tracé, en témoigne le film qui est à l'antithèse même de son remake. C'est ce qui en fait son sel. De toute façon, quoiqu'il décide de quel voie emprunter, Zombie sait pertinemment que son film divisera et ne pourra contenter tout le monde.
Laurie Strode est devenue une adolescente fortement perturbée, pleurnicharde et dépressive. Loomis, sorte de père de substitution de Myers dans le remake (et la saga), est devenu un opportuniste imbu de sa personne, égocentrique, cherchant à amasser la fortune sur le dos des ses victimes en le vendant sur la notoriété de son "monstre" (dont il lui est d'ailleurs reproché d'être l'homme responsable du massacre d'Haddonfield) et en n'hésitant pas à faire la promotion de son bouquin dès qu'il le peut. Un choix pas vraiment anodin puisqu'il faut y voir une référence au procureur de Charles Manson ayant capitalisé de ce fait sur l'affaire avec son livre. Michael Myers, lui, est devenu un SDF aux cheveux longs et à la longue barbe , errant dans les rues, toujours à la recherche de sa soeur. Ce qui est logique et plutôt réaliste même si ce côté du personnage a été tant décrié. Cette version Director's Cut dévoile davantage Myers à visage découvert. Sa personnalité psycothique resurgit, Myers ayant des visions impliquant sa mère sous un aspect fantomatique, témoignant de son attachament/amour maternel, n'ayant pas conscience de la mort (tout du moins, c'est ce qui a été démontré dans le remake.) ainsi que de lui-même, se percevant comme le petit garçon qu'il avait été et qu'il est toujours dans le fond. Un petit garçon dans le corps d'un adulte à la taille impressionnante et à la force démesurée. Cette relation uniparentale forte, ce complexe d’œdipe, cette part enfantine du tueur sont des caractéristiques propres de plusieurs tueurs du cinéma d'horreur, et plutôt récurrentes: Pamela Voorhees fait figure de force protectrice, de forme d'autorité positive sur Jason, qui est dans le fond un enfant dans le corps d'un chasseur impitoyable. Norman Bates vit dans l'ombre de sa mère et agit parfois comme si il était sa propre mère. Leatherface, dans le premier "Massacre à la tronçonneuse" est décrit comme une victime, comme un grand enfant effrayé par ces adolescents qui se sont approchés un peu trop près de son habitat. Cette relation, parfois ambiguë, dérangeante et presque incestueuse de manière générale s'appliquait dans le remake de Rob Zombie. Il ne fallait donc pas s'étonner des multiples visions du tueur, absentes du remake, et des représentations de certains symboles comme l'étonnant cheval blanc, décrit dès les quinze premières secondes du métrage comme "lié à l'instinct, la pureté et la volonté du corps de libérer des émotions violentes, comme la rage suivie du chaos et de la destruction" extrait d'un soit-disant "La psychose subconsciente des rêves".


Tous les choix narratifs, esthétiques, partis pris et donc prises de risques dû à cette marge assumée par rapport à la mythologie de la saga est de ce fait crédible, assumée et ne s'avère pas plus incohérente que certaines directions qu'à prise la saga avec ses innombrables séquelles.


Ce qui intéressait le plus Zombie dans cette suite, c'était de faire ressortir le caractère dérangeant des victimes de son remake. Laurie éprouve un véritable traumatisme envers les événements passés, ce n'est donc plus la personnalité joviale et épanouie du remake. Loomis est aux antipodes de son personnage avant la tuerie de Myers, et certains personnages secondaires arrivent même à être déséquilibrés et malfaisants, bousculant les codes attendus par ces derniers. Comme exemple: ces deux brancardiers discutant sur la probabilité malsaine d'avoir un rapport sexuel avec le corps complètement ensanglanté et meurtri de Laurie. Une thématique récurrente dans les films de Zombie comme avec le shérif Wydell de "The devil's rejects" qui devient un tueur presque aussi perturbé et dangereux que les membres de la famille Firefly. Halloween II n'est pas aussi subversif mais l'expérience s'avère malaisante dans l'ensemble.


Cependant, Myers est un peu relayé/relegué au second-plan, et toute sa démarche s'avère codifiée et attendue. Le film est bien entendu ponctué de scènes de meurtre, survenant à des points certes stratégiques, mais dans le mauvais ordre et s'avérant inutiles à l'intrigue. (Meurtre dans le bar/bordel dans lequel travaillait sa mère, meurtre pendant un presque-rapport sexuel pendant un festival. Notons d'ailleurs un jump-cut à 1h21 de film: Myers se téléporte sur sa victime en une fraction de seconde. Petite erreur de montage.)


En conclusion; Halloween II est un bien meilleur film que ce que en disent ses détracteurs. Même si l'intrigue se centre davantage sur ses personnages pernicieux que sur le tueur en lui-même, il constitue la suite la plus originale dans la saga, joliment réalisée, qui accumule certes la grossièreté facile ("Fuck", "Shut the fuck up", "fuck you, fucking bitch", etc...) et le gore gratuit mais lui reprocher cela est aussi pertinent que de reprocher la longueur des dialogues à Tarantino dans un de ses films. C'est du Rob Zombie que vous regardez, pas du Disney. So, What do you expect? Ensuite, il faut avouer la codification des meurtres et le classicisme du scénario. Mais de par ses partis pris, la volonté de trancher avec la direction de la saga (Le thème principal y est totalement absent dans cette version (Elle apparait après les crédits mais pas dans le métrage)), la réalisation et la subversivité partielle planant sur cette oeuvre, Halloween II est une meilleure suite à la saga que Halloween n'est un bon remake au film de Carpenter. Comme bien souvent, le Director's cut apporte un "+", ici plus léger que dans le remake et dont il faut priviligérier le final plus percutant (car dans cette version, la boucle y est blouclée) de la version internationale, qui s'avère être même meilleure. Halloween II est le second meilleur film du réalisateur, loin derrière "The Devil's Rejects" et un cran au dessus de "Halloween".

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le 8 juin 2016

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Quentin Dubois

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