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Bourgeois et Outsiders, Langues étrangères et Accents distinctifs

« Au premier abord, la distribution des rôles dans Happy End semble presque caricaturale : aux acteurs stars, français bien blancs, les personnages principaux, qui sont en outre issus des classes dominantes, tandis que les acteurs arabes et noirs se contentent des rôles secondaires de domestiques ou de migrants. On aurait toutefois tort d’intenter un procès en racisme à l’auteur de Funny Games. Avec ses plans fixes caractéristiques, il impose l’idée d’une caméra qui, posée au hasard, enregistrerait le réel tel qu’il se déroule devant elle, de manière documentaire – une impression de réel qui découle, bien sûr, d’une mise en scène précise et rigoureuse, à l’opposé de ce que l’image semble être. Ce que le film nous donne à voir ne serait donc pas le monde tel que Haneke le voit, mais le monde tel qu’il est. Dans cette perspective, la distribution stéréotypée prend tout son sens. Elle révèle un monde binaire, où cohabiteraient d’une part les dominants, bourgeois, riches, blancs, maniant les subtilités du langage et d’autre part, les dominés, confinés à des tâches ancillaires, pauvres, étrangers parlant avec difficulté la langue des puissants. Face aux bourgeois qui façonnent le monde à leur avantage, ces outsiders n’ont d’autre choix que de tenter de survivre dans un environnement qui n’est pas fait pour eux. Même quand ils s’élèvent, frappent à la porte des dominants, ceux qui ne sont pas bien nés sont toujours trahis par une pointe d’accent, une tournure maladroite qui les ravale à leur condition première. Le monde que présente Happy End, c’est, pour reprendre un autre titre d’Haneke, Le Temps du loup, une lutte entre loups et agneaux où le vainqueur est connu depuis toujours. Dans ce monde, les agneaux ne peuvent jamais devenir des loups, il n’y a pas d’ascension sociale possible. Le rôle de chacun est immuable. Aussi fixe qu’un plan d’Haneke. »


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le 16 oct. 2017

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