Tout en tension montant crescendo, Harakiri est comme une partie de cartes entre un rônin ayant perdu toute foi dans le Bushido et révélant peu à peu son jeu aux suivants du Seigneur chez qui il souhaite solliciter le droit de faire Seppuku.


Aussi bien thématiquement qu'esthétiquement monstrueux, construit tout en alternance entre souvenirs explicatifs révélant le passé du personnage et scènes d'une tension incroyable entre l'honorable rônin et son assistance outrée d'être accusée (à raison, et ils le savent) de faire du code de l'honneur une vaste hypocrisie.
Harakiri présente une réflexion profonde et noire sur le Bushido et sa perte de signification dans un Japon se modernisant, et ne gardant du code de l'honneur uniquement ce qui l'arrange, à savoir l'apparat, une étiquette qui semble toujours aussi stricte mais dont le sens profond s'est perdu. Une coquille vide.


D'abord toute en espace clos et en valorisation des intérieurs par des plans fixes cadrés au millimètre, la mise en scène se fait plus vivante à mesure que le protagoniste révèle ses intentions réelles, en commençant par nous expliquer le choix du lieu et du seigneur sous les hospices duquel il souhaite se tuer.


Peu à peu, la tension monte sacrément. Les conceptions de l'honneur s'entrechoquent. Le premier sabre du film est certes dégainé au bout d'une heure cinquante minutes, mais les 20 dernières offrent une flamboyante course vers la mort qui s'ouvre par un combat splendide en extérieur, probablement un des plus beaux duels qu'il m'ait été donné de voir, et se termine par l'affrontement à un contre 100 du rônin contre les hommes du Seigneur. Un affrontement, bien loin du "beat them all" souvent caractéristique du chambara, réaliste au possible.


Magnifique de détermination et d'honneur, notre rônin, malgré sa mort et donc sa défaite apparente (face à ses ennemis, car sa victoire sur lui même est totale) se sera magnifiquement battu, entraînant dans son Seppuku ces hommes hypocrites, ayant toute leur vie dispensé des leçons de Bushido sans jamais suivre la voie eux mêmes.


Ce jour là, la leçon leur est rendue par quelqu'un qui n'y croit plus lui même, et qui pourtant vainc : preuve du point de non-retour mortifère atteint par leur éloignement. de la voie. Alors, c'est étonnement l'homme qui prétendait la renier qui, coûte que coûte, s'en rapproche le plus et lui offre encore, malgré lui, du respect, par la destruction même de ses détracteurs.

-Absalon
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le 13 mai 2016

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