Hard Candy
6.6
Hard Candy

Film de David Slade (2006)

Alors c'est l'histoire d'Ellen Page qui se fait ramener à la maison par un vilain Monsieur photographe. Mais très vite le cauchemar va commencer pour le vilain Monsieur pédophile. Et ça dure 1h40.

Hard Candy bénéficie d'un casting excellent et d'une photo propre. Le problème c'est que l'ensemble du film dépend des personnages et de leurs dialogues ; et à ce niveau, c'est foiré.

Il faut commencer par le début : le personnage central d'Ellen Page qui se décrédibilise plus le film avance. Malgré que l'actrice joue vraiment bien, son personnage devient de plus en plus poussif jusqu'au final quelque peu ridicule. Evidemment, comme tout film avec un ado au centre, elle bénéficie d'un recul et de connaissances démesurées pour son âge ; et tout de suite, on a envie de voir le pédophile s'en sortir juste pour qu'il la baffe.

A propos du pédo. Il tient nettement mieux la route que la gamine mais il lâche bien vite les bras. Les négociations tournent court ; systématiquement il sera lynché par la gamine qui achèvera chacun des dialogues. En fait, son réel problème c'est de se retrouver devant une gamine aberrante à laquelle on ne peut pas croire. Ce qui nous amène aux échanges :

Au début, on y croit vraiment. Mais plus la gamine se change en terminator intellectuel, plus les textes et les idées deviennent inconcevables. Le réal' tombe dans tous les pièges des lieux-communs - volontairement ou non - mais nous, on finit par s'emmerder. Par exemple : le méchant pédo qui explique sa terrible enfance pour se justifier -> la gamine lui répond que c'est pas une raison. dans l'autre sens ça marche aussi : la gamine qui traite le méchant d'immonde porc de s'en prendre à des enfants -> le méchant ne bronche pas des masses.

Le sujet est évidemment délicat ; et on ne demande pas un débat pour ou contre la pédophilie, ni d'adoucir le manichéisme de la chose. Mais ici, rien n'abouti et c'est quand même frustrant ! Là où l'idée aurait pu évoluer, c'est dans le principe de justice : peut-on défendre les actes du type ? Evidemment non. Mais peut-on défendre les actes de la gamine ? Là est le point essentiel de la discussion. Hélas, le réal' passe complètement à côté ; pour lui, il apparaît clairement que "oui" et pour les spectateurs aussi vu la note.

Dernier point essentiel (et là on spoil) : c'est dommage que tout repose sur le concept "no futur". Lorsque l'adolescente propose au pédo de se suicider et qu'en échange elle nettoie les preuves, celui-ci accepte. Et les couilles dans le broyeur ? et le paquet du mec recousu ? et comment va-t-elle redescendre virer les affaires compromettantes du type alors que son ex est juste en bas ? Ici, on pense à rien de tout ça : la gamine dit "pend-toi" alors on se pend. Le terminator intellectuel a encore fait une victime.

bref ; le film avait un potentiel énorme, si seulement il avait pris la peine de se pencher sur le bon débat ; celui de la légitimité des actes de la gamine. Ici, j'ai l'impression qu'on s'est trompé de débat et que le film se suffit à dénoncer les méchancetés des pédophiles. C'est certes essentiel mais si on s'arrête à ça, ça valait pas la peine. Dommage.
LeCactus
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le 22 mai 2013

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LeCactus

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