Film indépendant (à l'époque tout du moins, il a depuis été racheté par Buena Vista), fait par une équipe extrêmement jeune (16 ans en moyenne, d'après les dires de Richard Stanley), sorti un an avant Terminator 2 avec un budget 45 fois inférieur (toujours d'après Richard Stalney), autant de raison qui font de Hardware un film assez confidentiel pour le grand public mais très apprécié des amateurs de cinéma bis. J'ai eu la chance d'assister à une diffusion en salle au festival Hallucinations Collectives 2012, avec un public d'initié, et ce fut une expérience assez intense.
Hardware se situe dans un univers post-apocalyptique et cyberpunk, dans lequel évoluent des maraudeurs qui écument un desert de sable à la recherche de matériel à revendre. Mo est un de ceux là, mais plutôt que revendre cette tête robotique à l'allure inquiétante qu'il vient de trouver, il décide de la ramener à sa copine, artiste plasticienne qui utilise la ferraille et les déchets comme matériaux de base. Il ne sait pas encore que ce cadeau improvisé va transformer ce qui devait être des retrouvailles heureuses en cauchemar viscéral et violent.
Autant le dire d'emblée, rien ne sera épargné au téméraire spectateur de ce spectacle sadique et passionnant. Hardware est dur, très dur, par ses images léchées et organiques et ses effets spéciaux rudimentaires mais pourtant parfaitement convaincants. Mais le plus impressionnant est le remarquable niveau de maturité et de maitrise pour un film de jeunesse : Hardware a beau avoir 22 ans, il est toujours aussi prophétique, et les thématiques du films (la surpopulation, la pollution, le tout numérique) sont toujours très actuelles. Aussi, quand Richard Stanley, son réalisateur surdoué, demande à l'assistance si elle pense que son film a vieilli, on a violemment envie de lui répondre que c'est loin d'être le cas, et que de surcroit bien peu nombreux sont ses contemporains qui peuvent en dire autant. Chapeau bas, sir.