Les diamants sont éternels
Quel plaisir de pouvoir découvrir un cinéaste avec un film du niveau de Haute pègre (ou Trouble in Paradise dans son titre original). Avec cette oeuvre, Lubitsch propose une comédie grinçante, qui n'a pas pris une ride en dépit du poids des années.
L'oeuvre débute sur des faux-semblants. D'abord, le cinéaste explose les clichés de Venise en montrant un gondolier transportant... des déchets. Pendant dix minutes, il va se jouer ensuite du spectateur, pensant avoir à faire à un couple de la haute-société. Il n'en est rien, pas un magnifique jeu des comédiens qui se sont dérobés à chacun des objets, on découvre qui ils sont réellement: de véritables escrocs.
Lubitsch parvient à toucher le spectateur par cette comédie qui joue en permanence sur les faux-semblants, des comiques de situation (l'explication de l'homme volé est drôle à souhaits), mais aussi de litotes, humour que j'affectionne particulièrement.
La prochaine personne que le couple va vouloir écumer est la richissime Madame Collet, présidente de la parfumerie la plus hype à l'époque de Paris. Là aussi, le cinéaste présente la ville loin des clichés. Pas de Tour Eiffel. Pas de bérets. Et encore moins la baguette sous le bras.
Et tout le film va nous montrer comment les personnages vont éviter de se faire prendre, mais aussi comment la relation entre Madame Collet et son nouveau secrétaire, Gaston (notre escroc donc), va évoluer. L'oeuvre joue toujours sur ce caractère de faux-semblants et de litote, accrochant en permanence le spectateur.
La critique n'est peut-être pas aussi acerbe que d'autres films, mais Lubitsch s'attaque bien aux différentes classes sociales et tourne en dérision le monde des riches. Sa plus grande réussite est de le faire en permanence dans la légèreté.
Il est également difficile de ne pas évoquer le trio principal de comédiens avec Kay Francis (Lily), Miriam Hopkins (Madame Collet) et Herbert Marshall (Gaston). Pour moi, ils sont tout simplement parfaits, tombant parfois dans une manière de surjouer toute volontaire, apportant par là ce besoin de dérision à certaines séquences. Les seconds rôles sont également excellents, avec une très bonne mention pour notre premier homme agressé (Filiba), Edward Everett Horton.
Honnêtement, je ne parviens pas à trouver de défauts à ce film. Ca ne manque jamais de rythme, ça me fait rire en permanence, et je suis ressorti de ces 82 petites minutes avec un sentiment de fraicheur et d'amusement comme rarement un film peut en procurer. Lubitsch considérait cette oeuvre comme la meilleure qu'il ait réalisée. Je ne sais pas s'il a raison, mais en tout cas, il a envoyé du lourd !