Heat
6.4
Heat

Film de Paul Morrissey (1972)

Le hasard m'a fait découvrir la trilogie à l'envers. J'ai commencé par ce troisième larron. Puis j'ai suivi par Flesh et j'attends encore de terminer par Trash.

Ce troisième chapître m'a fait une bonne impression sans pour autant soulever les montagnes d'enthousiasme que je désirais.

C'est d'abord la mise en scène, quasi inexistante, paraplégique disons qui m'a paradoxalement intrigué. J'ai bien aimé cette tonalité décousue des dialogues. Il émane un souffle de liberté très frais de l'improvisation des dialogues. Cela n'altère pas vraiment le "talent" de metteur en scène de Morrissey puisque le résultat est là. Un joyeux fouttoir, des discussions à bâtons rompus épiques, drôles, intenses, glauques. Il ressort de cette liberté, de ce laisser-aller chez les personnages une expression dramatique assez forte, leurs souffrances s'en trouvent mises en exergue de manière naturelle, quasi documentaire.

C'est en grande partie dû aux talents et à la personnalité des comédiens. Je pense surtout aux deux actrices principales Andrea Felman et plus encore Sylvia Miles.
Je n'en dirais pas autant de Joe Dallesandro pas si mobile et expressif que ça, plus poseur qu'autre chose et étonnament mal à l'aise parfois dans son corps, dans ses positionnements et mouvements.

J'ai bien apprécié l'humour qui découle des situations, des dialogues, du scénario en général, même si l'on peut constater que derrière ce ton léger se cache un discours moralisateur (du catho Morrissey) plutôt déplaisant parce amer sur la société, la sexualité et le rapport vénal du corps dans la société de consommation. A l'instar de nombreux cinéastes, il se cache derrière une liberté de ton et d'image pour dessiner une sexualité mal dans sa peau, mal acceptée, vilipendée. Cette vision m'a fait penser à celle plus outrée sans doute de Breillat. C'est une pensée hâtive j'en conviens.

En effet, qui est Joe? Un acteur raté qui se fait gigolo d'une vieille actrice ratée qui pleure son passé dans ses bras, autour d'eux gravitent des parasites, la fille qui se fait passer pour une lesbienne pour faire chier sa mère, deux frères qui baisent sur scène et une tenancière d'hotel vulgaire qui rêve d'être une fille bien tout en faisant des ristournes payées en nature.
La sexualité, le corps sont prisonniers du fric, de l'apparence et de systèmes archaïques sous des airs de modernité. Le corps est une prison dans ce film. L'apparente liberté est une chausse trappe. Le sexe c'est mal, ouhhhh, vilain, caca!
Amen...
Alligator
6
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le 30 déc. 2012

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Alligator

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domguyane
1

la vacuité des apparences

ou le sexe comme outil de pouvoir et d'échange mais jamais de plaisir. non merci.

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