Spike Jonze est un réalisateur qui, au vu de sa filmographie, se fait bien trop rare, avec seulement quatre films sur ces vingt dernières années et toujours aucune sortie depuis Her (2013). Mais toujours est-il que peu de réalisateurs peuvent se targuer de manier aussi bien et avec autant d'habilité, originalité du scénario et intelligence du propos, d'où une filmographie d'exception.
Her est un film de science-fiction et d'anticipation qui se démarque de la concurrence de part son originalité, ainsi que par la sensibilité de son scénario avec des touches humoristiques vraiment bien senties. En instance de divorce, Théodore (Joaquim Phoenix) trouve un palliatif à sa solitude auprès d'un programme informatique fort original qui, par le biais d'une simple voix (Scarlett Johansson), va le bouleverser à tel point qu'elle va devenir sa nouvelle compagne "virtuelle". Il en découle beaucoup de sensibilité dans les sentiments amoureux "cyber-humain" qui animent ces deux êtres, mais aussi quelques situations fort cocasses.
On se prend très vite d'affection, voir même on s'identifie à notre héros au regard si triste. Les dialogues percutants ainsi que les nombreuses surprises du scénario, font qu'on ne s'ennuie jamais. Les scènes d'anthologie sont nombreuses, à commencer par les tentatives maladroites (et à l'issue désastreuse) de l'héroïne, pour provoquer son union avec Théodore. C'est parfois drôle et toujours tendre, révélant la force des sentiments réciproques animant ces deux êtres si différents. C'est brillamment réalisé, mais aussi et surtout superbement interprété avec un Joaquin Phoenix hors normes, la voix enivrante de Scarlett Johansson et un casting secondaire impressionnant (Rooney Mara, Amy Adams, Olivia Wilde ...).
Her est le genre de film qui vous pousse à réfléchir sur les dérives de notre société actuelle et qui vous hante pendant un bon moment. C'est un film hautement recommandable, qui rappelle par bien des côtés le génie déjà perçu précédemment dans Adaptation et Dans la peau de John Malkovich.