Her est un excellent film dystopique et philosophique sur les rapports humains. Dans un monde « futur » où les technologies relationnelles sont perfectionnées, les rapports humains ont presque disparu. L’histoire se passe sous le point de vue de Théodore, un homme victime de son époque et de sa société qui, malgré de fortes capacités sociales, va se retrouver seul comme tous les autres. Assisté par la robotique dans tous les domaines y compris les domaines relationnels, Théodore se renferme petit à petit sur lui-même et ses amitiés ne tiennent plus à grand-chose. Il en va de même pour ses relations amoureuses car là aussi une IA va prendre la main : Samantha.
Cependant cette relation ne lui apportera pas le bonheur attendu, Théodore va perdre beaucoup de ses relations à cause de Samantha, et se remettra souvent en question. Or son choix est fait, il ne peut donc plus retourner en arrière. Il a petit à petit l’impression qu’il ne lui reste qu’elle (ce qui est faux car il y a sa voisine qu’il ne voit plus étant tellement aveuglé par sa relation factice) et va alors se former un déni de conscience en se forçant à ne pas penser à l’aspect éthique de sa relation pour ne pas perdre cette illusion de bonheur. Et c’est là que cette relation le rend malheureux : il se retrouve constamment entre deux pensées : Est-ce moral ? Mais cela me rend-il quand même heureux ? Et cela ne peut que mal finir.
Mais dans un monde de plus en plus guidé par l’intérêt et où tout respect de quelconque morale devient obsolète, je pense que l’on se rapproche dangereusement de cette dystopie. Ainsi la déperdition du concept d’éthique dans notre société ne peut aboutir qu’à ce résultat peu enviable de société dépeinte par Spike Jonze.
Her est un très beau film, en plus d’un jeu d’acteur très fort de J. Phoenix et de la beauté des plans colorés et moroses en même temps, il nous offre le portrait d’une société dystopique vers laquelle nous convergeons.