Roland Emmerich à l'assaut d'Hollywood

Premier film américain de Roland Emmerich, Héritier de l'Enfer (puis Chasseur de fantômes et enfin Ghost Chase pour sa sortie DVD) nous entraîne à Hollywood où deux jeunes apprentis cinéastes fauchés comme les blés sont aidés par le fantôme d'un majordome familial afin de retrouver un magot planqué dans un vieux studio de cinéma. Ce petit film fantastique est donc l'occasion pour Emmerich, fraîchement débarqué, de faire ses preuves sur le sol américain. Mais on est encore loin de ses explosifs méfaits hollywoodiens...

À l'instar de Joey, son précédent film, Héritier de l'Enfer a été amputé d'une bonne vingtaine de minutes et présente encore une fois les tares de son réalisateur : scénario mal écrit, incohérences multiples (le fantôme de Louis le majordome a déjà l'apparence d'une marionnette avant même de se réincarner dans celle-ci), acteurs mal dirigés en totale roue libre, mise en scène impersonnelle et maladroite... Le film est difficilement agréable à suivre et en dépit de quelques bonnes idées, la faute principalement à un rythme mollasson et un sens de l'humour au ras des pâquerettes servi par quelques têtes connues des 80's comme Jason Lively et Jill Whitlow (qui partageaient déjà l'affiche de Extra Sangsues) ainsi que Paul Gleason (l'inoubliable professeur revanchard de Breakfast Club).

Toujours autant passionné par le cinéma hollywoodien, dont il étale les références à outrance, Roland Emmerich n'arrive pourtant pas à servir une mise en scène qui lui est propre, se contentant de filmer une succession de scénettes débiles et de n'y incorporer que trop rarement sa marionnette pourtant rigolote (bien qu'encore une fois inspirée par E.T.), faisant plus ressembler le film à une frasque d'ados qu'auraient pu faire les Deux Coreys qu'à une aventure surnaturelle dans les rues de Los Angeles. Sorti chez nous directement en vidéo au début des années 90, Héritier de l'Enfer aurait pu être une franche comédie fantastique dans l'univers éclatant d'Hollywood. N'en résulte au final qu'une curiosité malheureusement ennuyeuse manquant cruellement de punch et de maîtrise.