Revu principalement afin de comparer avec la série éponyme sortie quatre ans plus tard et signée par le même Thomas Lilti, c'est évidemment avec un regard légèrement différent que j'ai suivi « Hippocrate », tant la structure narrative (évidemment beaucoup développée) et les personnages de 2018 s'inspirent en grande partie du film (jeune interne ayant un de ses parents comme chef de service, médecin étranger n'ayant pas le même statut, crise des moyens, dilemme moral face à la situation médicale d'une patiente...).
Bon, c'est sûr, niveau réalisation, ce n'est pas le Pérou, à l'image d'une photo à peine plus probante que n'importe quel téléfilm « made in TF1 », ce qui peut toutefois s'expliquer aussi bien par le manque d'expérience de Lilti (médecin de formation) que le côté presque « sale » de certains hôpitaux, se sentant oublié par l'État. Heureusement, la forme est ici compensée sans grand mal par le fond, le sujet étant traité avec intelligence et même une relative subtilité, la connaissance du réalisateur pour le milieu apparaissant évidente.
Le cadre est bien exploité, les enjeux souvent crédibles et certaines scènes fortes, à l'image des choix que sont régulièrement obligés de faire le personnel hospitalier, représenté à travers des personnages assez convaincants. Côté interprétation, si Vincent Lacoste s'en sort honnêtement, il est toutefois éclipsé par Reda Kateb, impeccable dans ce qui est certainement le meilleur rôle du film, sa légère ambiguïté s'avérant un atout intéressant. Rien d'extraordinaire, mais une peinture lucide et bien informé sur ce qu'est le milieu médical aujourd'hui et en particulier l'hôpital, avec ce qu'il faut d'engagement citoyen pour que cela passe encore mieux : plutôt réussi.