Un très mauvais film

Après le plus que recommandable Surveillance, on attendait tous Jennifer Lynch au tournant.
Elle qui a subi une longue traversée du désert, avait connu une belle renaissance avec son thriller, ou l'influence de son père était pour le moins évidente.

Son projet suivant a fait baver tous les fans de genre : un film sur la légende de la femme-serpent, tourné et produit intégralement en Inde.
Les premiers visuels n'ont fait que renforcer l'attente.
Depuis, Hisss est sorti en Inde, ou il a rencontré un joli succès. Et pourtant, Hisss est une catastrophe.

On a appris récemment que la réalisatrice renie son œuvre, puisqu'elle aurait été apparemment écarté de la post-production.
Ce qui expliquerait le montage calamiteux, qui transforme un film d'ambiance, une histoire d'amour en un film d'horreur de série Z, voire en comédie.

Mais il serait trop facile de blâmer uniquement les producteurs, désireux de faire rentrer le film dans un standard précis...
Le résultat est tout autant imputable à Lynch.

Sinon, comment expliquer un scénario qui ne va nulle part, qui ne raconte rien, et pire, qui n'exploite jamais le thème de la déesse Nagin ?
Comment expliquer ce je-m'en-foutisme permanent dans la réalisation ? Dans l'aspect technique ? (affreux effets numériques)
Voir même dans la pure grammaire cinématographique ?

Ainsi, le serpent se transforme en femme déjà maquillée.
Ainsi, le méchant récite un long monologue ou il prétend posséder les pouvoirs du serpent en utilisant des lunettes à vision nocturne. (alors que l'action se passe en plein jour)
Ainsi, la scène d'amour entre la déesse et le serpent, qui aurait du être le moment fort du film, semble sortir tout droit d'un téléfilm érotique d'M6 (guitare électrique à l'appui pour l'accompagnement musical). Etc...

Et le pire dans tout ça, c'est que, pendant de rares instants, on se rend compte véritablement de ce que le film aurait pu être.
La scène ou la femme-serpent enlace sensuellement un lampadaire, et pleure son amour perdu une fois arrivée au sommet, en est ainsi un exemple frappant. Durant quelques secondes, un très beau moment de poésie s'offre à nous. Durant quelques secondes seulement.
Citons également des maquillages plutôt réussis. Et enfin, l'actrice principale est très belle.
Ce sont les 3 qualités du film. Ses seules qualités.

Hisss est un donc un ratage monumental, et même les pires daubes qui sortent directement en dvd valent mieux.

Jennifer Lynch avait acquis une nouvelle crédibilité en tant qu'artiste. Elle l'a déjà perdue.