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En 1997 sort Histoire de fantômes chinois, adaptation animée du film de 1987. Les deux sont produits par Tsui Hark, grande référence du cinéma hongkongais, même si ce dernier s’est un peu plus investi pour ce dessin animé, où il occupe différents postes clés. La réalisation est signée Andrew Chen, à la filmographie circonscrite à ce film, ce qui est curieux.


Toute la fantaisie de l’univers crée pour le premier film peut s’exprimer encore plus fort dans cette adaptation animée, très réussie.


Nous y faisons la connaissance de Ning, jeune collecteur d’impôts, toujours accompagné de son fidèle petit toutou. Ning est un jeune homme gentil mais naïf, qui n’a pas vraiment l’étoffe des héros. Ceux-ci sont incarnés par des chasseurs de fantômes, les prêtres armés Reverend Bai Yun et son disciple Shi Fang et le barbu à l’opulente barbe rousse, toujours accompagné de son robot géant Yan Chi Xia. Ils sont rivaux, mais partagent le même objectif, la destruction de fantômes, bien qu’on ne sache pas vraiment pourquoi.


Ces fantômes, monstres et esprits, de toute taille et de toutes sortes, vivent en marge du monde des humains, mais s’y révélent parfois. Il est plus rare que l’inverse se fasse, et c’est pourtant ce qui va arriver, Ning va découvrir une de leurs villes, sans forcément y être bien vu. Il y fait la rencontre de Shine, esprit succube à la beauté envoûtante, qui voudrait bien l’emporter pour que sa maîtresse en fasse son goûter.


Pourtant, au contact de Ning, et avec une très grande douceur, la bonté du jeune homme va venir perturber cette relation qui n’est pas sur le même niveau, qui n’a pas les mêmes attentes entre l’un et l’autre. Emportés par de multiples péripéties, causés par des fantômes jaloux ou des chasseurs de fantômes belliqueux, leur relation va progressivement s’adapter, l’un et l’autre vont se rapprocher.


La force de ce long-métrage animé réside d’ ailleurs dans son rythme, dynamique et entraînant, avec un certain sens de la démesure auprès de certains exubérants personnages rencontrés ou dans les affrontements proposés qui ne feront pas dans la dentelle. Quand l’action fait rage, les montagnes explosent, les pouvoirs utilisés ne font pas dans la retenue. Heureusement quelques moments de calme bienvenus permettront de développer leur rapprochement, que ce soit en faisant découvrir ce monde de la bouche de Shine ou par les actes généreux de Ning, qui n’a pas la force et les pouvoirs des chasseurs de fantômes, mais une détermination et un coeur innocent qui ne seront pas toujours bien compris.


Il est toute fois regrettable que certains points soient trop vite esquivés, comme cet entêtement des chasseurs de fantômes dont la dangerosité ne semble pas évidente. Et, par un excès contraire, la conclusion s’étire un peu, et opère même un volte-face un peu regrettable, n’osant pas aller au bout de son idée pourtant fascinante autour de l’amour et de la réincarnation.


La découverte de ce monde occulte est tout de même un grand plaisir. Il y a évidemment ces chasseurs de fantômes, exubérants surhommes, et toute la faune bigarrée et colorée de cet au-delà. La ville qui nous est présentée est fascinante, avec ses échoppes et ses habitués, et toutes ces créatures qui volent dans le ciel. Même si elles n’apprécient guère les êtres de chair, elles sont présentées avec un tel humour qu’il est difficile de leur accorder une grande dangerosité, à l’image de la masseuse pour squelettes et même du fiancé de Shine, gigantesque homme mégalomaniaque et surtout chanteur populaire des foules, mais tout de même un peu belliqueux. D’autres scènes présentent un univers régi par un certain nombre de rituels, à l’image de ce train fantôme, probablement puisé dans une grande marmotte folklorique dont les références nous échappent, petits occidentaux, sans que leur magie et leur fantaisie ne se révèlent moins impressionnantes.


Ce petit monde foisonnant et mystique est présenté avec une belle recherche esthétique, certains personnages ont une allure folle, tandis que les couleurs chamarrées soulignent la beauté et le foisonnement de cet univers. L’animation a été confiée au studio japonais Triangle Staff, et c’est du bon travail, l’ensemble est fluide, se meut sans à-coups, tandis que la caméra se déplace dans les scènes les plus mouvementées sans impairs.


Le film mit quatre ans à se faire, et cela peut se comprendre avec le soin apporté à sa technique, qui le classe parmi les meilleurs représentants de cette époque. Mais Histoire de fantômes chinois est aussi un long-métrage animé assez visionnaire, car il fait assez largement appel aux effets spéciaux numériques. Le film est conscient des possibilités mais aussi des limites de cette technologie encore rudimentaire, un peu grossière, la réservant à certains décors et certains objets. Tout ce qui peut avoir des formes sans grande finesse est modelé avec cette technologie, alors que l’animation traditionnelle peut s’exprimer pleinement pour exprimer la personnalité et le mouvement des personnages. Le revers de la médaille, c’est que cette cohabitation se voit, que certains effets ont vieilli, à l’image de l’introduction qui se voulait impressionnante, alors que d’autres scènes animées à la main plus loin le seront bien plus.


Ce ne sera pas suffisant pour regretter le visionnage de ce long-métrage animé ambitieux, qui nous offre la découverte non pas seulement d’un bien curieux monde mystique, mais aussi une belle relation, belle et troublante entre le jeune homme et la belle succube. Le tout avec la très belle bande-son de Ricky Ho, qui possède la même énergie que le film.

SimplySmackkk
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le 3 juin 2022

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