Fait intéressant, même si ce second film de Tsui Hark parait aussi brouillon et sale gosse que le précédent avec sa mise en scène furieuse qui tranche dans tous les sens du terme, le cinéaste d'origine vietnamienne ne se répète pourtant pas. Suite à l'échec commercial de son premier film, Butterfly murders, Histoire de cannibales nous livre en effet un pamphlet plus politique que jamais contre le consumérisme de la société hong-kongaise faisant penser dans une certaine mesure au Zombie de Romero. Une énergie et un culot qu'on retrouvera d'ailleurs intacts dans L'enfer des armes, mais de manière plus canalisée et surtout intéressante.
À l'image de son premier film, il s'agit d'un joyeux bordel dans les genres, avec derrière cette bisserie nourrie de plans tripailles (une violence contrebalancée par beaucoup de hors-champs), du film d'enquête et des séquences d'arts martiaux plutôt bien troussées (très rigolos les combats contre ces clones de leatherface), et un ton grand-guignolesque (surtout passé la seconde demi-heure) virant à plusieurs reprises vers l'humour noir déviant (on a droit par exemple à des scènes de pipi - dont l'une parvient pour un temps à sauver l'un des persos - et de l'amourette travelo qui suinte bien des aisselles).
Malgré ces multiples courants d'air rafraîchissants allant de pair avec un mauvais goût assumé, ce second opus de la trilogie du chaos respire quand même beaucoup l'artisanal, ce qui rime trop souvent avec amateurisme et/ou manque de moyens. Dans le même ordre d'idées, le scénario devient assez vite redondant, peu de plans impriment réellement la rétine (à part peut-être ce plan final qui nous balance la thématique centrale dans la face), et les personnages manquent de charisme malgré un certain effort pour en iconiser certains. Mais au final, c'est toujours intéressant de voir une telle oeuvre en train de se construire, d'autant plus que, comme je l'ai dit, Tsui Hark ne nous annonce jamais où il va (on compte bien quelques clins d'oeil à des oeuvres postérieures, mais je doute qu'ils soient volontaires), traçant sa route au rythme d'une mise en scène constamment dynamique.
Donc au final, c'est plutôt la déception qui règne malgré quelques passages assez fous, un film, qui pour ma part, est beaucoup moins rigolo et inventif que Braindead pour parler d'une référence connue et équivalente. Mais les archéologues les plus aguerris du cinoche HK y trouveront peut-être leur compte.