Nommé dans la catégorie: "Film qui porte bien son nom."

Après l'acclamé Intouchables en 2015, Eric Toledano et Olivier Nakache nous ont livré quelques errements tragicomiques franchement inégaux : Samba ne savait sur quel pied danser et Le Sens de la Fête était lui aussi le cul entre deux chaises pour donner , dans les deux cas, un résultat ni franchement drôle ni réellement émouvant.
Ils reviennent cette année aux affaires avec l'adaptation en long-métrage de leur documentaire: " On Devrait en Faire un Film".


Et on a envie de dire: quel film ils en ont fait!


Mais surtout, quelles émotions nous procurent-ils avec cette oeuvre à fleur de peau, qui emprunte sans détour les dures voies de la réalité pour nous parler d'autisme et de ces gens qui sacrifient leur vie pour prendre en charge des cas dont on ne veut plus nulle part.


C'est ce sujet grave qui sert pourtant de terreau aux deux réalisateurs pour faire naître un humour imparable, grâce aux belles prestations de leurs têtes d'affiche (magnifiques Cassel et Kateb) mais également des jeunes autistes (pour la plupart non-comédiens) qui se donnent à fond pour que l'alchimie soit si flagrante.


Et c'est aidés par l'espoir d'un avenir pour ces jeunes gens et par les situations cocasses du quotidien que les rires francs éclatent dans la salle.
Mais les inconnues sur leur destinée en tant qu'adultes sont autant de questions (volontairement) laissées sans réponses que de larmes qui coulent sur nos joues de spectateur impuissant: alors, que ferions-nous? Que devrions-nous faire?


Pourtant, sans aucun moralisme, Toledano et Nakache nous emmènent vivre avec eux ces instants tragiques où la magie naît d'un adolescent qui réussit de petites choses au prix d'immenses efforts, où le sourire complice n'est pas toujours à sens unique et où l'abnégation semble être la seule voie vers le progrès.
Où les super-héros ne portent pas de costume à cape et n'en demanderont jamais.


Suivre ces sacrées tranches de vie via deux associations qui forment des jeunes défavorisés à encadrer des cas complexes d'autisme, c'est déjà une expérience poignante en soi. Mais quand la force de l'émotion est décuplée par la superbe bande-originale de Grandbrothers, on leur donne raison: c'est Hors-Normes.


Conseillé: A ceux qui attendaient que Toledano et Nakache se ressaisissent.


Déconseillé: Aux robots.


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christophe1986
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le 5 janv. 2020

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christophe1986

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