Alors qu'il est pour beaucoup pas évident de trouver l'envie de regarder un "Western" de 2h, et ce, encore moins à notre époque, "Hostiles" est devenu sans faire de bruit ce qui pourrait être le meilleur film de l'année pour ne pas dire de la décennie malgré ce style impopulaire.
Nombreuses sont les contraintes pour pénétrer la narration classique d'un western, une ambiance froide, un rythme lent, sans parler de l'image vieillotte qu'il véhicule et de sa supposée violence qui en repoussera beaucoup. Pourtant ce style à lui seul nous a déjà offert de nombreuses perles brut telles que "Brimstone" et surtout "True Grit", perles laissant place a de grandes interprétations, impossible de se cacher dans cette Amérique rude et impitoyable fin du XIXème.
Hostiles s'ouvre au travers d'une première scène exceptionnelle qui donnera le ton général, une courte quiétude précédent la cruauté n'aura été que de courtes durée avant d'assister à une étouffante poursuite. Comment d'emblée ne pas tomber d'admiration sous la performance de Rosamund Pike lors de celle-ci ? Sans livrer une parole son interprétation est d'une grande justesse, il ne suffira que de quelques cris et d'une réalisation extrêmement juste pour nous livrer la première des grandes émotions de cette œuvre. Christian Bale, personnage principal, ressort lui aussi une performance alliant colère et profonde mélancolie face aux atrocités de ce monde brut et sans répits. Son visage semble se marquer au fil du temps, la rage de sa scène d'introduction restera gravé au même titre que les longs plans serrés de contemplation, d'introspection. Le reste du casting est également de qualité, les personnages secondaires qui disparaissant parfois très rapidement, apportent néanmoins tous quelque chose au film, leur parcours ne se fera pas sans la douleur, sans la tristesse. Le réalisateur, déjà signalé notamment par l'excellent "Les brasiers de la colère", en plus d'une mise en scène sans fioriture et sincère, a la grande pudeur de ne pas tomber dans le cliché de ce "Rêve Américain", il ne tombera pas plus dans le piège de prendre parti vers l'une des causes amérindiennes ou post-sudistes.
Au travers d'un cadre offrant un décor magnifique au cœur du Montana, d'une photographie parfaite, de la musique de Max Richter, d'acteurs au sommet de leur art, d'un scénario haletant dans une amérique terriblement cruelle, comment ne pas être en admiration devant une œuvre pareil ? Le vent soufflera la fureur, la perfection sera hostile.

Willo17
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le 19 mars 2018

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Willo17

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