Pour son premier long métrage, Steven McQueen retrace les actes de résistance des membres de l'IRA emprisonnés et plus particulièrement le rôle de Bobby Sand durant cette période.
L'auteur place le décor via une succession de plans fixes. On appréhende ainsi les lieux ainsi que les personnages qui y vivent ou travaillent.
L'arrivée d'un nouveau détenu permet de comprendre les actions définis par les membres de l'IRA. Bien que conventionnel, ce choix narratif est pertinent car le réalisateur nous plonge dans un milieu régit par des codes qui leur sont propres.
De plus, le récit débute alors que les répressions et l'emprisonnement des membres de l'IRA s'est déjà banalisé. Le briefing fait à l'arrivant nous est, de ce fait, utile.
La première partie nous plonge dans le quotidien des prisonniers et des matons. On découvre les actes de désobéissance pacifique des membres de l'IRA et la gestion de ces déconvenues par les geôliers.
L'œuvre est ponctuée de nombreux événements amenant à la radicalisation des prisonniers.
Cette évolution narrative s'accompagne d'une épuration de la mise en scène. En effet, les interactions verbales entre les protagonistes sont succinctes dans la première partie du film. Dans sa seconde partie, ceux-ci seront quasi inexistants. Entre ces deux segments, l'auteur offre un instant de répit aux spectateurs lors d'une longue conversation entre Bobby Sand et un prêtre.
Un moment déterminant dans l'évolution de l'œuvre autant sur le plan narratif qu'artistique, car annonçant une radicalisation sur ces deux plans.
Le peu de dialogues est amplement compensée par la mise en scène de Steven McQueen. En effet, l'homme fournit un traitement sensitif via de nombreux détails. Ainsi, l'isolement et le déboussolement se traduisent respectivement par une faible interaction avec le monde extérieur et l'absence de repères temporels.
Ce choix artistique décuple l'immersion dans cet univers et les liens unissant le public et les protagonistes.
Au final, l'auteur réussit à interpeller le spectateur et le mettre mal l'aise non pas en recourant à une violence graphique, mais en jouant sur l'empathie ressenti par le public pour ces hommes. En résulte, une odyssée dure sur le fond et profondément humaine dans sa forme.