Pour les beaux yeux de Peter Dinklage...

Accroche : Soixante ans avant Katniss, le diabolique président Coriolanus Snow n'est encore qu'une jeune homme. Son père meurt, laissant la famille ruinée. Corio est déterminé à obtenir une bourse d'étude au mérite pour retrouver sa place sociale de privilégié. Il devient le mentor de Lucy Grey Baird, une jeune chanteuse au tempérament rebelle...

Sexymètre : rien à signaler

Violencomètre : plein d'ados morts mais ça reste relativement propre, pas de gerbes de sang ni de tripes à prévoir

Bechdel test : limite limite, avec deux échanges non signifiants pour l'histoire. On croirait qu'ils sont là exprès...

*********** VOUS ARRIVEZ AU PAYS DES SPOILERS *****************

Avertissement : je n'ai pas lu les bouquins et n'ai pas d'expertise sur la franchise. J'ai vu le 1 par accident, j'ai pas aimé. J'ai vu celui-là pour cinq précieuses minutes de Dinklage (je t'aime Peter (yeux en forme de cœurs)).

Mon avis : En attaquant le film, je me disais "c'est une préquelle, ils vont montrer la fameuse guerre", eh ben non. Après, je me suis dit "ils vont montrer les premiers jeux, comment tout a commencé" eh ben non plus. Là, j'en étais à "mais purée, ils vont montrer quoi, alors ??!".

Figurez-vous que le film est sur la jeunesse du tyran Snow. Je me rappelais même pas de ce personnage, c'est dire si j'étais intéressée.

En gros, pour vous représenter le scénario, c'est exactement comme l'histoire d'Anakin Skywalker, sans la course de pods pour faire de la pub pour un jeu vidéo. Un type blond correspondant aux canons patriarcaux de beauté masculine, sous un régime fasciste, qui commence sa trajectoire en ayant une idéologie limite, la finit en bourreau, sous la houlette d'un mentor dingue, non sans avoir croisé le grand amour et l'avoir rejeté en la personne d'une cruche. Y a même la love scène au bord du lac, unbelievable.

Le film est abominablement long (j'ai beaucoup souffert en attendant le beau Peter) et comporte deux parties distinctes.

La première est une redite du premier film avec d'autres enfants. On aurait clairement pu s'en passer ou au minimum l'abréger pour se concentrer, par exemple, sur les luttes politiques, la corruption du gouvernement, la psychologie de personnages plus intéressants que le héros... Par exemple, j'aurais aimé voir d'avantage Tigris (jouée par Hunter Schaefer, merveilleuse dans Euphoria). Très consciente dès le départ du risque que Corio prenne le même chemin que son père, elle essaye doucement et tendrement de le garder sur le droit chemin mais observe impuissante sa descente vers le mal. C'est une partie de film assez violente, comme vous vous en doutez. Mais cela dit, comme les personnages ne sont pas du tout développés ni même présentés pour la plupart, on ne s'y attache pas et on les regarde mourir avec indifférence voire ennui.

Je passerai rapidement sur l'aspect incohérent et parfois carrément ridicule de l'histoire. On pousse les gens à bout en assassinant leurs gamins à la télé, et ça va soit disant faire qu'ils ne vont pas se révolter. Le meilleur ami ultra riche de Corio le voit crever la misère mais ne lui prête jamais de fric. Lucy Grey est une princesse Disney en bonne et due forme, toujours bien coiffée avec sa robe à fleurs. Elle s'entend bien avec les animaux, est un modèle de vertu... Casca Longbottom, le doyen, est soit disant contre les jeux mais c'est lui qui invente le procédé des mentors pour les rendre plus populaires. Une mentor agonise sur le sol devant des gardes indifférents. Les bombes ravagent l'arène, tout le plafond de pierre s'écroule mais au final ça ne tue qu'une personne par miracle. Les gamins rassemblent les bouteilles d'eau uniquement pour faciliter le travail d'empoisonnement de Lucy Grey. Puis celle-ci les vide pour bien leur signaler que quelqu'un y a touché. Je pourrais continuer pendant des heures....

La deuxième partie du film se concentre sur Corio qui part dans un district et devient true evil. Alors là, je me disais "ah, ils vont nous montrer la misère des districts, histoire de renforcer l'aspect lutte des classes". Eh ben non. Les districts sont un endroit plein de bonne humeur, où les pauvres boivent des coups en dansant sur des concerts de country puis passent des journées idylliques au bord de magnifiques lacs poissonneux dans une nature préservée pas du tout post-apo. Et je ne rigole même pas.

Cette partie est très longue. Je note comme point positif la radicalisation vers le mal du héros qui n'est pas si mal amenée. En tous cas, un peu mieux que celle d'Anakin.

Là encore, c'est le festival de l'incohérence et du mauvais choix de scénario. Quelques exemples : Corio est censé adorer son meilleur ami mais il le trahit sans raison en l'enregistrant, les oiseaux enregistreurs sont absolument ridicules et constituent le fusil de Tchekhov le plus absurde que j'ai vu récemment au cinéma. La méchante Gaul est tellement grotesque et dingo qu'on ne comprend pas comment les gens lui obéissent ou la craignent. On ne sait pas pourquoi elle a repéré Corio. Le pathétique culmine avec la scène où Corio avoue accidentellement avoir tué une troisième personne. J'ai franchement failli brûler mon ordinateur de rage.

Le film se termine par le doyen qui explique comment il a accidentellement créé les jeux, comment il se mortifie depuis pour étouffer la culpabilité qui le ronge et pourquoi il hait tant Corio. Mais merde, me direz-vous, la voilà l'histoire intéressante, pleine de tension psychologique et de drame, avec un potentiel arc de rédemption à la clef. Le voilà, le film que je veux voir, avec Dinklage sur le devant, le seul acteur du film qui nous vend une quelconque émotion. Eh ben non, cette partie est pliée en trente secondes. Le comble de la frustration.

Niveau réalisation, pas d’intérêt particulier. Niveau acteurs, c'est globalement la catastrophe. Je sais que dans les franchises pour ado les standards ne sont pas haut mais quand même... Les effets spéciaux sont des CGI moches et lisses. Mention spéciale à la scène des serpents, à peine texturés et ombrés.

En conclusion, le film aurait pu être bien meilleur avec une heure de moins et s'il se concentrait d'avantage sur les personnages les plus intéressants, c'est à dire pas les principaux. En l'état, c'est une purge.