N’iiiiiiiiiiimporte quoi. I, Frankenstein a ce qu’il faut pour provoquer des syncopes aussi bien aux amateurs de littérature gothique qu’aux amateurs de cinéma en général : Stuart Beattie a décidé de sauvagement violer l’œuvre de Mary Shelley, le fantastique gothique, le fantastique en général même, la pop culture, le cinéma d’action et j’en passe. Et paradoxalement c’est assez réjouissant...
À grands renforts de bondieuseries pop, de ralentis stylés, de considérations philosophiques niaises et de fausses bonnes idées le scénariste/réalisateur propulse la créature de Frankenstein dans une ville moderne peuplée a priori uniquement de démons et de gargouilles, lesquelles se foutent joyeusement sur la tronche. L’humanité dans tous ça ? Absolument aucune putain d’idée, on ne voit jamais personne.
Pas forcément clair dans ses idées, ses propos, sa mise en scène parfois, Stuart Beattie fait néanmoins preuve d’un certain enthousiasme qui s’apparenterait à celui d’un gosse de douze ans qui aurait vu des bouts de The Monster Squad, Blade, et un épisode ou deux de Buffy contre les vampires ou des Creepy crawlers un week-end et qui aurait entrepris de raconter tout ça à ses potes de classe de douze ans aussi à la récré en dessinant dans son cahier de brouillon.
Et c’est un peu le résultat qu’on a niveau effets visuels où se côtoient choses pas très heureuses (les démons notamment), recettes faciles (y a du pixel) mais aussi quelques idées (les transformations des gargouilles sont plutôt chouettes). En dépit du résultat final, les efforts sont indéniables.
À ceci s’ajoute la performance d’un Aaron Eckhart professionnel jusqu’au bout qui met du cœur à l’ouvrage et un Bill Nighy, pour qui c’est plus difficile à déterminer, tant son charisme naturel le rend écrasant même quand il ne fait rien ; il est, de plus, en terrain connu, enfilant un rôle assez similaire à celui qu’il pouvait avoir dans Underworld.
Curieusement tout ça fait que I, Frankenstein est une daube certes mais une daube plutôt sympathique.
Voir les 30 ingrédients du bingo des clichés de ce film
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Personnage > Agissement
Rappelle à ses troupes qui commande, nom de nom - Course-poursuite | Saute/tombe pour atterrir sur un véhicule en marche - N’importe quoi | Projeté exagérément loin sous l’effet d’un coup de feu... voire d’un simple choc - Passe à travers une vitre : pour s’échapper - Passe à travers une vitre : pour surprendre / faire une entrée en scène stylée - Stylé | Balance une petite phrase avant de tuer une personne (ou après)
Personnage > Caractéristique
Super pouvoir | Ces gens sont beaucoup trop beaux !
Personnage > Citation
Rassure | « Fais-moi confiance » - Regrette | « Puisse Dieu me pardonner »
Personnage > Héros ou héroïne
Bagarre | Héros attaqué par surprise - Fibre héroïque | Sauve une femme en détresse, ou un enfant inconscient
Personnage > Méchant·e
« Impossible » beuglé ou murmuré par un·e méchant·e en crise - Mégalo | Badguysplaining
Réalisation
Fin | Mon nom est ... - Grammaire | Ralentis injustifiés et insupportables - Gros plan | sur un œil qui s’ouvre (tension) - Ouverture ou fin | Voix off d’introduction ou de conclusion - Vue subjective | de menace
Réalisation > Audio
Bruit exagéré | Les épées/cannes/flèches/lances font woosh/cling - Effet | Lasers qui font « piou-piou », touches d’ordinateurs qui font « pi-pou-pou » etc. - Voix off | Lecture/écriture d’une lettre
Réalisation > Surprise !
Faux suspense | Tire sur les entraves, les gardes... ou simplement à côté de la personne désignée comme cible
Scénario > Élément
Titre du film énoncé dans le film - Un·e proche meurt sous ses yeux
Scénario > Situation
Agissement | Conversation privée entendue à l’insu des personnes qui parlent - Bagarre | Tourne de dos à une explosion, en marchant tranquillement - Tension | Suspendu·e dans le vide
Thème > N’importe quoi
Trop con·ne | Mais oui, vas-y, bien sûr, fais confiance à ce type que tu viens juste de rencontrer.
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes
Femme aux petits soins d’un blessé
Thème > Testostérone
Méthodes musclées
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Barème de notation :
- 1. À gerber
- 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
- 3. On s'est fait grave chier
- 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
- 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
- 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
- 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
- 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
- 9. Gros gros plaisir de ciné
- 10. Je ne m'en lasserais jamais