Grand succès en Italie (5 millions de personnes ont vu le film d'après le box-office, donc plus fort que Barbenheimer), je n'ai pas compris pourquoi Il reste encore demain n'a pas marché en France ? Je n'arrive pas à trouver des hypothèses, sauf une, soulevée par une discussion sur SensCritique : le noir et blanc ? Les gens seraient-ils mal à l'aise avec ce format ? Pourtant, il faut rappeler qu'en 1995, La Haine, de Mathieu Kassovitz, film en noir et blanc sur un autre sujet préoccupant (la crise des banlieues), avait connu un beau succès critique et public. A la base, Mathieu Kassovitz avait envisagé de sortir La Haine en couleurs s'il ne marchait pas au box-office, ce n'est pas ce qui est arrivé et le film est devenu culte.
J'ai beaucoup apprécié Il reste encore demain. Beaucoup. Venant d'un homme, ça peut paraître bizarre. Un homme n'a-t-il pas lui aussi un côté féminin ? Une sensibilité ? N'est-il pas maladroit en amour ? Peut-on avoir honte d'être un homme en voyant le calvaire de Delia à l'écran ? Même si le film peut paraître caricatural, il est très drôle, grinçant, ironique, avec une très belle musique. C'est un conte, très contemporain, et m'a beaucoup fait penser à Cendrillon (ex : la scène où Delia perd la lettre au moment de quitter la maison, est une belle allusion à la pantoufle de verre perdue par Cendrillon, sauf que le prince charmant veut la retrouver pour la battre et l'enchaîner à sa maison au lieu de lui donner un peu d'amour). En revanche, je suis peut-être un peu plus partagé sur la fin du film et elle continue de me questionner...
Même si les femmes ont obtenu le droit de vote en Italie dans les années 40, même si ça a été un grand pas pour leurs droits, est-ce que ça change quelque chose aux violences qui leur sont faites ? Près de 80 ans après, les violences conjugales continuent encore et toujours, de plus en plus de féminicides sont signalés aux informations. Une personne de mon entourage m'a dit avoir vu le droit de vote comme un symbole, la parole est enfin donnée aux femmes. Je répondrais que oui, c'était quelque chose d'énorme pour elles à l'époque ! Je crains que ce qui les ont fait réellement évoluer, ce sont les Mouvements de Libération de la Femme, le droit à l'avortement, d'avoir un compte en banque, #metoo, etc. Mais le droit de vote n'était qu'un début ! Et c'était le début !
Une femme n'a-t-elle pas une voix pour s'exprimer ? Une bouche ? Des lèvres ? Un oreiller pour pleurer ? Une femme n'a-t-elle pas des besoins ? Si elle se sent blessée, ne saignons-nous pas ? Il est très difficile d'échapper à sa condition d'homme, des promesses, c'est plus facile à dire qu'à faire et il y a parfois ce déni chez certaines femmes, qui cherchent des excuses à leur compagnon. Ce n'est pas le cas chez Delia. Il faudra alors espérer que tous les hommes unissent leurs voix pour leur demander pardon et qu'ils leur chantent la dernière phrase de la chanson de Diane Tell : Moi, si j'étais un homme, je serai romantique.