Petit traité sur le sacrifique

Impardonnable est un commentaire, un traité, un point de vue autant qu'un témoignage social sur la complexité et la difficulté de la réinsertion d'une femme, qui a été en prison pour le meurtre d'un policier. Malgré quelques commodités, des retournements de situation faciles, le film est particulièrement efficace, bien que de facture classique. Le tout aurait pu être une œuvre sur la rédemption, mais la chose est impossible pour des raisons scénaristiques qui font soudainement pivot, et qu'il est préférable de ne pas dévoiler pour ne pas gâcher la surprise. C'est surtout le sacrifice d'une vie qui s'opère, avec ses répercutions, ses dommages, ses altérations, ses risques, ce qui suppose aussi une refondation, une reconstruction psychique. Sur la forme, les flashback sont des outils narratifs, propres à la grammaire cinématographique, mais parfois aussi des véritables flashs, des souvenirs partiels, des réminiscences, qui sont vécus par la jeune sœur de l'héroïne, contenant en elle une expérience traumatique refoulée, des éléments du passé qui ont été enfouis. Sandra Bullock est épatante, subjuguante, étonnante à plus d'un titre et tient là un des rôles les plus marquants de toute sa carrière. Elle incarne un personnage parfois rêche, viscéral, malgré une réorganisation certaine, souvent en état d'alerte, dans un besoin de justice permanent qu'on pense discutable, mais aussi capable d'une hauteur de vue salutaire. Son visage plastifié par le botox évoque un peu, dans un cas moins grave, celui de Mickey Rourke dans The Wrestler, dont la physionomie a la même fragilité, ce qui développe l'impression d'aspérités de vie. La fin est d'une grande simplicité qui fait sens, sans éclat, sans fioriture, agissant comme une véritable récompense avec une note d'espoir, un horizon nouveau. A noter que le film a une moyenne plus engageante sur IMDb, avec un beau 7,1/10.