Aaaahhhh… Le film qui a redéfini l’échelle du genre catastrophe et invasion alien. Un film qui a étonnement bien vieillit non parce qu’il reste d’actualité (n’abusons pas) mais parce qu’il reste toujours aussi divertissant, spectaculaire et efficace.


Bon, ne nous leurrons pas non plus, ce n’est pas un film génialissime non plus. Moins bon que dans mes souvenirs, il a le mérite de parfaitement tenir sur la longueur et d’aborder ses passages complètement improbables de façon à les rendre sinon crédible au moins intriguant. La première heure reste néanmoins toujours nettement supérieure à la seconde partie, quand on commence à rentrer dans le délire de la zone 51. Supérieure, parce qu’on sent vraiment cette montée en puissance de l’histoire, de ce décompte qui se réduit de seconde en seconde comme une partie d’échec, du côté théâtral et grandiose de l’évènement et comment il impacte nos vie. Et puis bien sûr la conclusion de ce premier acte, un véritable régal de déluge pyrotechnique de destruction de masse.


Puis après, ça devient rapidement beaucoup moins intéressant. Pendant un moment, ça aborde ce côté d’invulnérabilité des envahisseurs et de la totale impuissance de l’humanité, poussée dans ses dernier retranchement, ce qui a le mérite de poser un cadre dramatique qui fonctionne, un petit côté thriller : comment vont-ils faire ? Bon, après le passage avec le scientifiques hystériques, on passe à la contre-offensive qui nous régalera en terme d’action décérébrée et d’acte patriotiques en tout genre ; même si on garde encore de cet aspect de presque impuissance de l’humanité (le bouclier est rompu, mais même tous nos missiles n’y viennent pas à bout).


Ça faisait un moment que je ne l’avais pas vu, et le film a révélé alors certains aspects intriguant, sinon intéressant. En gros, on suit 4 intrigues avec 4 personnages différents, et la chose que je n’avais jamais remarquée jusqu’à présent, c’est que c’est intrigues, bien que confrontée à la même menace mais l’abordant à travers différent filtres (le président d’une nation, le soldat, le génie et le père de famille un peu fou), ne se croisent presque pas dans le film.


Je veux dire, Hiller et Whitmore s’échangent deux poignées de main de tous le film, Hiller et David se rencontrent à 30 min de la fin et se créent une profonde amitié en moins deux, Russel Casse ne croisent jamais David et c’est à peine s’il échange avec le Président ou Hiller. Au final, Whitmore et David sont ceux qui partagent le plus de temps à l’écran et encore, c’est risible par rapport au temps où ils sont supposés être ensemble.


Un aspect intéressant donc, car il montre la capacité du film à traiter plusieurs histoires différentes se déroulant dans le même univers et réussir pourtant à nous faire croire qu’elles interagissent entre elles. Étrangement, c’est une des qualités de cette histoire. À ce rayon, outre ce que j’ai dit plus tôt, on peut également mettre la petite dose d’humour distribuée par les deux protagonistes principaux (Hiller et David), le côté limite dépressif du Président Whitmore complètement dépassé.


Et pour finir, un point qui est depuis entré dans la légende tellement il a cristallisé le cliché du genre, qu’il est ridicule mais en même temps si mémorable. Je parle bien sûr du discours super-méga-giga-téra patriotique du président Whitmore. Plus encore qu’un cas d’école, qu’un exemple parfait, on peut considérer qu’il a créé à lui seul le discours présidentiel du film catastrophe. C’est ridicule, mais en même temps si jouissif. C’est un discours tellement marquant qu’il devient un des piliers majeurs du film, au même titre que la destruction de la Maison Blanche. Plus les années passent, et plus je marre en l’écoutant.


Concernant le casting, c’est globalement correct. Bien sûr, Will Smith fait du Will Smith des années 90 et c’est pour ce côté-là qu’on l’a toujours adoré, même si c’est pas extraordinaire. Jeff Goldblum essaye d’apporter un peu sa touche personnelle et y réussit globalement bien, même si on reste loin du potentiel de l’acteur.


Bill Pullman est peut-être le meilleur dans son rôle : pas le meilleur jeu d’acteur, mais il y a une véritable alchimie entre lui et le personnage, ce qui le rend très intéressant. Quant à Randy Quaid, ça surjoue à mort le mec stupide mais au bon cœur, loyal et tout et tout, mais bon voilà, ça surjoue à mort.


Niveau rôle féminin, Mary McDonnell ne se force pas trop, Margaret Collin fait le taff minimum tout comme Vivicia A. Fox. Niveau rôle secondaire, notons le travail convenable de Judd Hirsh et Robert Loggia, dans des rôles assez clichés mais bien interprété dans ce cliché.


Sur le plan technique, j’ai eu un sentiment mitigé. Bon, la musique reste toujours la même, parfaitement inscrit dans le genre épique-catastrophe-dramatique-patriotique et gardera un ou deux thèmes vraiment mémorables. La mise en scène est classique et correcte, sans vraiment être extraordinaire. Roland Emmerich se contente de filmer la destruction mais réussit aussi à filmer ses personnages à une dimension plus humaine. Les décors sont là aussi dans le plus pur style du genre (base militaire, base secrète, Bureau Ovale, ville ravagée).


C’est plus sur les effets spéciaux que je m’interroge. Autant les scènes de destructions à grande échelle, les vaisseaux eux-mêmes, les explosions ou les cascades plus classiques sont toujours aussi incroyables même après 20 ans ; l’incrustation des éléments dans le ciel a quand même pris un sacré coup de vieux. Je pense notamment à l’arrivée des vaisseaux dans l’atmosphère, les incrustations autour de la zone 51 (quand Air Force One arrive ou quand le petit vaisseau alien s’en va) ou, particulièrement, la pluie de débris à la fin du film qui semble tout droit sortie d’un mauvais montage Photoshop.


Alors oui, le film a 20 ans, les moyens n’étais pas les mêmes… Mais quand même, certains films vieillissent très bien, et autant sur le reste, Independence Day a très bien vieilli (en terme de destruction de grande ampleur, je crois même que rares sont les films qui, depuis, ont su se montrer aussi spectaculaires et réalistes) ; mais y’a ces incrustations qui font un peu tâche dans l’ensemble.


Au final, Independence Day reste le film dont je me souvenais. Il reste toujours aussi spectaculaire et les scènes de destructions toujours incroyables et prenantes, même 20 ans après. Il reste un des films fondateurs dans le genre de destruction à l’échelle globale, et en possède au final tous les clichés et les codes. Certains pour le pire (le personnage de Casse, le couple divorcé qui se remet ensemble), d’autres pour le meilleur (le discours de Whitmore, la destructions de landmarks).


C’est un film profondément ancré dans les années 90, que ce soit par ses messages, ses intrigues, ses personnages ; et qui par conséquent a une sorte d’intemporalité, nous permettant d’y revenir n’importe quand et de toujours nous y détendre avec autant d’efficacité.

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le 10 avr. 2016

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vive_le_ciné

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