Evacuons l'éléphant dans la pièce: après un 4e épisode raté à bien des égards, cet Indiana Jones 5 s'évertue à rester le plus inoffensif possible... ce qui le rend aussi sympathique que vain.

Indiana Vieux

Le projet de mettre en scène ce vieil Indiana, à la retraite, qui n'a plus le goût à la vie et encore moins à l'aventure, est probablement la meilleure idée du film, que James Mangold sait parfaitement capturer avec ces moments d'intimité et ces scènes bien écrites, ce deuil à gérer avec sa compagne, Marion, qui est, depuis le premier film, un personnage féminin formidable loin du love interest fonctionnel qu'elle aurait pu être. Mangold l'avait déjà fait avec brio dans Logan. Cela fonctionne d'autant mieux qu'Harison Ford est très investi, que ce soit pour ces scènes de comédie ou dans les scènes d'action, dans lesquelles il donne tout ce qu'il peut.

Action!

Le scénario est sympa et la menace réelle. On comprend bien comment une poignée de fanatiques peut faire revivre la terreur que l'on pense appartenir au passé. Mads Michelsen est une évidence en méchant nazi. Cette poursuite autour du globe et d'une poignée de sites touristiques est dans le cahier des charges de la série. Elles sont agréables à suivre, bien mises en scène, mais sont également d'un manque de personnalité dingue (ce sont les mêmes séquences de poursuite/action effrénées que l'on peut trouver dans le dernier Jurassic World (en moins bien), ou mission impossible (en mieux).

Des personnages en demi-lune

Les personnages son globalement bien caractérisés, mais ne semblent pas appartenir à cet univers. Je passe sur l'ersatz de Demi-Lune, parfaitement fonctionnel mais transparent, pour m'arrêter sur celui de Phoebe-Waller Bridge (Helena). Il fonctionne partiellement: jubilatoire, sa personnalité est originale, puisque ce sont des valeurs individualistes qui l'animent. Elle est à la fois drôle, vivante, et antipathique. Je trouve assez paradoxal - en tout cas si l'idée est de déconstruire le macho! - de proposer un tel personnage féminin donnant le change à un personnage ayant incarné le héro virile aux grandes valeurs. Pour ma part je ne la trouve jamais grandie face à Indy: elle est cupide, solo, n'hésite pas à sacrifier les siens, agit sans aucune responsabilité... Son duo avec Indiana marche au forceps. Son arc est étrange, puisqu'elle semble atteindre un équilibre en fin de film, Indy dépeignant sur elle probablement, alors qu'elle semblait si hermétique à tout cela.

Commencer, et finir

Si le début du film, pourtant visuellement réussi (20 minutes d'Indy dans la fleur de l'âge, chez les nazis!), n'apporte pas grand chose si ce n'est une longue séquence bien trop chaotique et hystérique ; je trouve la fin bien plus intéressante. D'abord parce qu'elle est couillue, casse-gueule - mais personnellement je l'ai accueillie à bras ouverts! Ensuite parce qu'elle veut boucler hyper logiquement l'arc du bon vieux Dr Jones, en apportant une potentielle fin idéale pour lui, suivie immédiatement d'une seconde mettant dos à dos la figure de héro mythique à sa condition d'humain à la recherche du bonheur, qui ne trouve le repos non pas grâce à ces trésors qu'il a traqué toute sa vie, mais auprès des siens.

Indiana, c'était le nom du chien

En synthèse, un film bien sympa à regarder, esthétiquement réussi, bien interprété, au scénario hyper classique mais cool, avec des thèmes bien vus et un dénouement satisfaisant. Mais aussi un film qui manque de personnalité, de chaleur, de décors plus excitants, d'une photo plus couillue (personne ne remplacera Douglas Slocombe)... comme si le 4e funeste épisode avait coupé les ailes d'un projet plus aventurier.

benkb
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le 28 sept. 2023

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benkb

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