"Inside Man", six ans plus tard, reste l'une des plus brillantes réussites dans le genre (le sous-genre ?) "film de braquage de banque", conjuguant imparablement réalisme (Spike Lee filme des gens au travail, qu'ils soient policiers ou braqueurs, et cette attention à tous les détails du labeur de chacun paye, tant il est loin de la pyrotechnique lobotomisée habituelle aux thrillers hollywoodiens) et manipulation ludique du spectateur (... encore que, fidèle aux règles du cinéma classique, "Inside Man" ne ment jamais à son spectateur, tout est là devant nos yeux, il nous suffit de vouloir regarder et comprendre...) : Spike Lee nous offre l'immense plaisir de nous sentir un peu intelligents, tout en nous permettant de nous abandonner aux plaisirs coupables du spectacle le plus ludique, et ce, grâce à une mise en scène d'une impeccable lisibilité (... ce qui est, à mon humble avis, la marque des plus grands). Une fois admis cette supériorité d'un spectacle parfaitement exécuté, se pose la question qui a agité la critique française lors de la sortie du film : mais bon sang, y a-t-il derrière tout ce brio un "message" de Spike Lee l'engagé, Spike Lee l'enragé, ou bien notre ami a-t-il vendu son âme et sa rage à Hollywood ? De l'Amérique paranoïaque et notablement plus raciste de l'après 9.1.1, Spike Lee nous dresse-t-il un portrait à charge, ou bien se contente-t-il d'en utiliser les nouveaux "codes" comme toile de fond à un thriller qui reste de toute manière imperméable à ces considérations trop ambitieuses ? Le fait que la question se pose, qu'il y a matière à argumenter, entre le turban du Sikh, le langage non politiquement correct du petit flic du coin, le coup de pouce à la famille de Bin Laden pour acheter un appartement à New York, la plaque du mémorial en toile de fond, et les signes qui ne manquent pas d'une ville et d'une société blessées, témoigne en soi que Spike Lee est un New Yorkais éclairé, qui nous parle de sa ville sans la travestir pour préserver le spectacle. Le fait qu'il n'en fasse pas non plus un plat, ou tout au moins un discours militant, prouve surtout qu'il a mûri, et qu'il sait désormais parler à notre intelligence sans pour autant hurler à nos oreilles. Moi, je vote Spike Lee ! [Critique écrite en 2012]

EricDebarnot
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le 15 août 2014

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Eric BBYoda

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