Insidious rime avec frousse (puis un peu avec « Mouss Diouf »)

Le premier Insidious était un film sympathique, bien que perfectible, qui arrivait à provoquer quelques doux frissons. À de rares exceptions (Evil Dead 2, Destination Finale 2), les suites de films d’horreur sont rarement aussi réussies que l’original. Qu’en est-il de ce deuxième chapitre d’Insidious ? Pour ses adieux au genre de l’épouvante, James Wan va-t-il réussir sa sortie ? Si les produits antibactériens n’éliminent que 99,9% des bactéries, est-ce par compassion? Que de questions.

Suite au succès du premier volet, le budget de ce deuxième opus a été multiplié par 5. Du coup, les lieux d’Insidious : Chapitre 2 sont plus variés et plus nombreux. On ne se contentera pas de visiter deux maisons mais trois et en bonus, un charmant hôpital psychiatrique. Une variété appréciable.
La trame du film est également plus fouillée que celle du premier épisode. Cela permet d’expliquer et d’approfondir certains éléments d’Insidious mais à mon sens, l’histoire s’égare trop entre les différentes intrigues et les personnages (la famille Lambert et la famille Crane dont le gamin traumatisé en ferait un cousin de Norman Bates) ainsi qu’entre les différentes lignes de temps et d’espace,
Au-delà son histoire plus travaillée, ce deuxième chapitre évite le démon à l’aspect un peu foiré du premier volet qui rappelait trop Dark Maul de Star Wars. Bon point. Toutefois, il reste un lien avec la saga de George Lucas: au moment où Josh et Carl s’apprêtent à s’aventurer dans le lointain (le monde des esprits), Carl se met à parler comme Yoda « Dans le lointain, il faut aller », quelque chose de ce genre.
En plus de s’améliorer par rapport au premier film, ce deuxième Insidious lui fait écho, notamment à travers une scène qui complète quelques trous et ce, de manière plutôt habile.

On retrouve aussi les mêmes têtes que dans le premier volet avec quelques nouveaux venus. Par exemple, les actrices qui campent Lorraine Lambert et Elise Rainer jeunes et qui au passage, sont bien ressemblantes. Bien joué mesdames du casting !
Patrick Wilson est assez bon dans son rôle un peu schizophrénique qui lorgne du côté du Jack Torrance de Shining. Il a un jeu moins figé que dans le premier épisode et est par moments franchement inquiétant avec son sourire grimaçant et son teint cadavérique! Puis Rose Byrne est toujours bien efficace et agréable à la rétine pour ne rien gâcher.
Le duo de chasseurs de démons, Tucker et Steven, était déjà le ressort comique du premier film et est ici un peu plus mis en avant. Ce qui est à mon sens une bonne chose. Remarque inutile à propos de Steven qui se dit que « Bride in black », ça lui dit quelque chose. Je me dis que c’est à ça qu’il pensait: http://www.youtube.com/watch?v=pAgnJDJN4VA

Quand on parle de James Wan, on pense souvent à une mise en scène assez solide. Dans le film qui nous intéresse, je dirai qu’elle est un peu moins virtuose qu’à l’accoutumée. Les quelques plans de caméras en mode found-foutage n’apportent rien. Le réalisateur a mis l’accent sur les zooms (quand Renai se fait interroger par le policier, quand le piano joue pour la première fois, etc.) avec quelques touches de travelling compensé mais a laissé sa caméra parfois aérienne et virevoltante avec les fantômes, c’est-à-dire au placard.
J’ai noté dans la vieille maison de la famille Lambert la récurrence d’une lumière d’ambiance rougeâtre émanant d’un carreau de la fenêtre. L’effet est un peu maladroit car ces projections rouges sont tantôt présentes, tantôt absentes. Et d’autres fois, elles imprègnent les murs de façon bien trop appuyée alors que sur les plans extérieurs, on constate qu’il n’y a clairement aucune source lumineuse devant la fenêtre. Le film ne tient donc pas debout et est un ratage total. Ok ?
En résumé, la mise en scène est bien correcte mais peut sembler par moments paresseuse au vu de ce que le réalisateur a pu faire précédemment. Quand Tucker visionne la cassette où apparait le jeune Josh, il dit que « c’est du cadrage d’amateur ». Pourrait-on y voir un semi-aveu de Wan sur sa réalisation, en-deçà de ce qu’il sait faire ? On l’a en tout cas vu plus inspiré dans Conjuring: Les Dossiers Warren.

Tiens d’ailleurs Conjuring: Les Dossiers Warren parlons-en! (MAIS QUELLE BELLE TRANSITION) Insidious: Chapitre 2 et Conjuring: Les Dossiers Warren sont deux films du même genre tournés à un an d’intervalle (entre janvier et février 2013 pour le premier et entre février et avril 2012 pour le second). Il n’est alors pas étonnant d’y retrouver certains éléments qui se font inévitablement échos : le retour des vieilles maisons avec portes qui grincent (contrairement aux maisons modernes d’Insidious), la pièce d’Eloïse qui rappelle celle des Warren avec leurs objets hantés, les placards remplis de vêtements très présents, le design des fantômes ou encore quelques effets de caméras trompeurs qui jouent avec nos nerfs.
Au rayon des inspirations, j’ai trouvé qu’il y avait quelques échos à Silent Hill. Ceci avec l’hôpital psychiatrique qui rappelle le chef-d’œuvre vidéo ludique Silent Hill 2, les femmes immobiles sous les draps qui font penser aux infirmières statiques ou encore le lointain qui s’envole d’une manière similaire avec laquelle le monde réel glisse dans le monde des ténèbres.

Au-delà de l’intrigue un peu fourre-tout et de la réalisation un poil paresseuse, on retrouve au menu des déceptions les règles qui régissent les apparitions des fantômes, que j’ai trouvé un peu bancales. Les esprits peuvent interagir avec les vivants en poussant des portes et en jouant du piano mais passer très près de certaines personnes sans qu’elles ne les ressentent. Ils peuvent voyager dans le temps et l’espace et ce, plutôt tranquillou. Puis ils apparaissent parfois à nos yeux, parfois pas, parfois sur des vidéos. Bref, ils ont un côté diva bien puant et agissent un peu au bon gré de ce qui arrange l’histoire et les effets flippants.
Sinon, au vu de l’interrogatoire de Renai Lambert vers le début du film, j’ai pensé que la police et son côté pragmatique (le fait qu’elle s’intéresse « aux meurtres que commettent les vivants et non les morts ») allaient être plus exploité. Mais non. Dommage.

Revenons-en aux qualités. L’ambiance du film est toujours aussi travaillée. Que ce soit avec la fumée sur le sol, les ténèbres oppressantes du lointain, le papier peint avec ses motifs à fleurs bien dégueulasse, les violons stridents ou encore la vieille et sinistre maison des Lambert, le film baigne dans une atmosphère sacrément lugubre et efficace.
Dans ce climat bien inquiétant, les apparitions des esprits provoquent d’agréables frissons et sont parfois très réussies. Deux en particulière: l’une lorsque Renai reçoit un coup de fil de la police, le fantôme de la mère de Parker Crane apparaît d’une manière qui tient presque du sublime-inal. Puis une autre lorsque l’esprit d´une femme (dont le teint blafard et la chevelure crado auraient pu lui assurer une place dans le remake d’Evil Dead) sort d’un placard dans la chambre de Dalton Lambert et de son frère.
Mais le passage qui m’a le plus surpris (c’est-à-dire que j’ai dû cligner des yeux vu que je suis maintenant assez blindé niveau films d’horreur) est à imputer à un petit jouet lumineux et inoffensif. Chapeau !
Malheureusement, les scares jumps se font bien plus rares dans le dernier quart du film qui au contraire de Conjuring: Les Dossiers Warren est étonnamment calme à mon sens. Et puis autant la fin du premier volet appelait une suite de manière assez fluide, autant là, une intrigue de dernière seconde arrive juste comme un cheveu sur la soupe pour justifier une suite.
Quoi qu’il en soit, ce troisième épisode est déjà sur les rails au vu du succès remporté par ce dernier Insidious en date.

Un deuxième volet qui corrige certains défauts du premier opus mais qui en comporte de nouveaux. Insidious : Chapitre 2 provoque son lot de sueurs froides à travers une intrigue plus riche mais qui s’éparpille un peu trop dans le temps et entre les différents personnages.
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le 5 oct. 2013

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