Insidious : La Dernière Clé par Matrick82

Il n’est jamais facile pour des producteurs de s’apercevoir que le seul personnage exploitable tout au long d’une licence que l’on tentera de sur-exploiter jusqu’à la substantifique moelle a été tué dès le 1er opus. Ainsi dans son infinie sagesse Hollywood inventa le préquel.
Méthode aux ambitions commerciales assumées, aux ambitions artistiques souvent proches du zéro puisqu’on est pas là pour faire de l’artistique mais du vidage de porte-feuilles, le préquel a aussi bien donné (tentons d’être honnêtes) de mauvaises expériences (« Le corrupteur » de Michael Winner) que de bonnes (je vous laisse compléter, en ce qui me concerne, je n’ai toujours pas trouvé).

Ainsi Insidious revient comme l’oncle alcoolique que l’on n’attendait pas, au départ faussement surprenant mais au final incroyablement prévisible.
Elise et sa version personnelle du duo Laurel & Hardy reviennent mener l’enquête sur la présence d’un démon dans l’ancienne maison familiale d’Elise.
Un opus de plus, un démon de plus, une maison hantée de plus. Y’a t-il de la nouveauté? Oui: Kirk Acevedo est très dur à reconnaitre et se remet à jouer comme si il était revenu à l’époque de « Oz ». Si vous êtes en train de vous demander si c’est une bonne nouvelle, sachez que vous n’êtes pas seul. Je n’arrive toujours pas à répondre à cette question.

Afin de ne pas assumer ce ratage tout seul, cette fois-ci, Leigh Wannell n’est pas à la réalisation (ce qui est une bonne nouvelle, on ne va pas se mentir en revanche cela n’empêche pas le monsieur de rester scénariste, producteur et acteur. On lui a également proposé le poste d’assistant-régie mais il s’est mis à faire la gueule. Les scénaristes riches c’est toujours tatillon). Donc place à Adam Robitel (réalisateur du found-footage plutôt efficace « Le cas Déborah Logan », un film qui a réussi l’exploit d’être bon durant une période où le found-footage s’était répandu comme le crack dans un quartier afro-américain).
Ce changement de réalisateur est plutôt une bonne nouvelle: on ne compte en tout et pour tout que deux jump scares. Soit dix fois moins que dans tout film d’horreur lambda sortant sur nos écran depuis ces dix dernières années.

Du côté du scénario c’est formidable: il y’a des idées à tous les étages… Mais elles sont toutes mauvaises: est-ce qu’explorer l’enfance / adolescence d’Elise s’avère payant? Pas du tout, on tente de créer de l’empathie pour un personnage qui est déjà condamné à mourir, et qui en plus a déjà notre sympathie puisqu’il s’agit du 2è opus où elle est le personnage principal. Il était peut-être temps d’explorer la mythologie d’une autre personnage.
Et le traitement de l’enfance d’Elise méritait-il cela d’ailleurs? Honnêtement? De toute évidence quelqu’un a offert à Leigh Wannell une édition flambant neuve de « Sans Famille » et celui-ci a décidé de pourrir l’ambiance bon enfant des précédents films.
Si on lui pose la question, j’imagine qu’il sera trop heureux de répondre qu’il voulait donner à la fois de la profondeur au personnage d’Elise tout en ajoutant une note sombre que les précédents n’avaient pas.

Bon, j’arrête les frais. Je m’arrête là. Insidous 4 est loin d’être une franche réussite, mais il est toujours plus réussi que le 3.
(Par contre c’est clair qu’il va falloir s’arrêter pour trois raisons:

1) La dernière séquence fait quand même beaucoup trop écho au 1er film pour qu’on puisse continuer à étirer les distances temporelles entre cet opus et le 1er.

2) Lin Shaye ne se fait plus toute jeune. Du coup ça devient pénible de la voir de plus en plus âgée alors que les opus 3 et 4 se passent avant le 1er (où elle est fatalement plus jeune et plus en forme) Sans compter que tous les fan d’horreur aimerait pour elle qu’elle quitte ce monde dans son lit et non sur le plateau de tournage d’un film médiocre dont plus personne ne parlera dans 6 mois. )

3) Franchement repomper un des détails précis du précédent film pour en faire un rebondissement à l’identique ici? …

Allez bisous