Il y a des films qui sont vides. Juste vides. J’ignore si c’est parce que le thème de la chance est imperméable aux esprits cartésiens, mais Intacto est un film qui leur demande énormément d’efforts pour commencer. Car la chance y est réelle. On l’a & on peut la voler, en touchant des gens ou en possédant une photo d’eux.
Déjà là, mon esprit m’arrête : & s’il y a plusieurs photos d’une personne, contiennent-elles toutes la même chance ? Et que cela signifie-t-il de la posséder ; faut-il l’avoir en main ? C’est sans compter que le scénario ne tente absolument pas d’éclaircir pourquoi la chance n’est pas considérée par tous comme quantifiable puisque c’est si facile de la capturer, & le personnage qu’on manipule pour se servir de la sienne est très vite convaincu (BEAUCOUP trop vite) qu’il ne s’agit pas d’un tour de passe-passe, ce qui reste à faire pour le spectateur.
À part le plus important, Fresnadillo explique tout avec un temps de retard & il semble oublier que certaines questions ne sont pas des détails qu’on est censés admettre pour bons, pour peu qu’on fasse l’effort de se connecter à l’histoire. Même ça, c’est dur : Max Von Sydow est le seul acteur qui ait la moindre personnalité. Il tient un monologue de quelques minutes qui l’excuse tout juste de paraître dans ce trafic de chance cherchant à être malsain sans parvenir à rien faire tenir.
D’une police énucléée par une policière amorphe à des magouilles concoctées sans qu’on sache comment par un instigateur dont on ne sait rien, en passant par un brigand qui se laisse recycler sans scepticisme ni prudence ni scrupules, bref : c’est une catastrophe inintéressante qui rappelle beaucoup Cold Souls (Sophie Barthes, 2009), où c’est l’âme qui est matérialisée identiquement, sans contextualisation & avec un soin inexistant pour le minimum de fascination que la narration devrait exercer.
Quantième Art