La force d'un vrai grand film très attendu avant sa sortie, c'est de résister avec éclat et puissance à l'examen du visionnage. Interstellar aura été sans aucune hésitation ma plus grosse attente au cinéma. Pour deux raisons : d'abord parce que le sujet et le nom du réalisateur ne pouvaient que faire sourdre en moi une incommensurable avidité ; ensuite parce que ledit réalisateur est déjà depuis Batman expert dans l'art de faire saliver ses fans plusieurs mois à l'avance. Et Interstellar est le plus grand film que j'aie vu au cinéma.


Pourtant, le début a failli refroidir mes ardeurs. Non pas que ce soit mauvais, ennuyeux, idiot ou plat, mais ça semblait de prime abord en-deçà des ambitions clamées. Moi, je vous le dis tout de suite, je suis comme Perceval : ce qui m'intéresse, c'est l'espace ! Les atermoiements blasés et régressifs d'une famille "ordinaire" (presque) au beau milieu des champs, ça m'intéresse déjà nettement moins. Attention, après avoir vu le film en entier, je ne déprécie pas son commencement ; je pense même qu'il s'y trouve nombre des meilleures choses du film, qu'un deuxième visionnage pourra faire éclater à ma figure.


Le scénario d'Interstellar (comme souvent chez Nolan, mais ses deux derniers Batman m'avaient laissé un peu sur ma faim, à défaut de vraiment me décevoir) est une formidable montée en puissance tortueuse et géniale. Ce film, c'est la toccata en ré mineur et fugue de JS. En boursouflé, hein, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Hans Zimmer est génial, c'est un fait, et j'en veux pour preuve que tous ses détracteurs ont tort. Moi qui suis extrêmement sensible à l'ambiance musicale d'un film, j'ai été là absolument frappé. Au sens propre, presque. Pour tout dire, la deuxième moitié du film a ressemblé à un état second, semblable à ce que j'imagine que d'autres ont paraît-il vécu pour 2001... Interstellar est mon 2001 à moi, étant entendu que je n'aime pas 2001 (de Kubrick, le livre c'est une autre histoire). Une déflagration. L'ambiance organique d'Interstellar est fascinante. Et puis les concepts scientifiques, manipulés avec éclat et spectacle, certes, mais pas avec rudesse, n'ont laissé d'exciter ma cervelle hautaine, tout comme les dilemmes émotionnels des différents personnages de l'histoire.


En résumé, c'était donc ma critique. J'aurais sans doute dû dire des choses plus intelligentes, mais pour cela, il aurait fallu que j'écrive cette critique plus à chaud, ou alors avec l'esprit plus vif.


Pour finir sur une note plus légère, encore une fois, sectaire comme je suis, je ne tolère pas les opinions autres (sauf mention contraire). Plus exactement, pour paraphraser (audacieusement) un philosophe français contemporain, les opinions d'autrui ne me gênent absolument pas, à partir du moment, bien entendu, où on ne me les fait pas écouter. Mais, en guise d'exutoire cathartique et apothéotique, je ne peux m'empêcher à présent de déverser ici ma bile (atra-, le plus souvent) sur ceux qui vitupèrent et qui vilipendent le film de Nolan, le trouvant "trop américain", "prétentieux" et surtout "insultant l'intelligence". Alors, ma foi, "trop américain", je ne saurais dire. En fait, je m'en fiche. La seule objection que j'ai, c'est que je ne vois pas dans ce film un tropisme patriotique particulier, véritablement idéologique, qui appauvrirait l’œuvre... Pour la forme, je vous laisse décider. Moi, peu me chaut.


"Prétentieux", oui. Pontifiant, même, dirais-je. Mais comme dirait une nouvelle fois notre bon philosophe (qui cependant est très possiblement en désaccord avec mon humble personne sur le film), "péter au niveau de son [fondement], je vois pas l'intérêt".
Et "insultant l'intelligence", là j'ai envie de dire : mes cocos, si pour vous un film intelligent doit être sec, lent, sans action, rigoureusement cohérent et crédible, pondéré, modéré, éthéré, cru, sans sucre et sans gluten, je vous le dis tout net, je préfère me mettre au café soluble qualité filtre (et à la physique quantique, si j'ai un peu de temps).
Voilà, c'était mon petit exercice de réponse pas très républicaine à des objections qu'on ne me formule pas ou pas encore, parce que je n'ai pas envie de répondre plus tard aux éventuelles objections qu'on me soulèvera réellement. Que les choqués veuillent bien m'excuser.


En mathématiques, mon visionnage d'Interstellar, ça donne ça :
5-6 au début
7 après une heure, 8 après deux heures, 9 après 169 minutes et le générique de fin.
Point d'orgue final.

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le 8 janv. 2015

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