Soyons honnêtes, Interstellar a été vendu et sur-vendu ces derniers mois. Un peu à l'image de son réalisateur ces dernières années, Christopher Nolan. Sans doute qu'il est préférable de commencer par là : Christopher Nolan est sans doute l'un des réalisateurs les plus en vogue du moment. Certains verront ça comme un avantage, mais peut-être est-ce plutôt le contraire. En effet, ces dernières semaines, Interstellar était devenu le dernier mot à la mode. Impossible de parler cinéma sans l'évoquer. Autant vous dire que le réalisateur britannique était sous pression. Et ce n'est pas les premières bandes-annonces qui ont servi Nolan. A vrai dire, seul le nom de Nolan nous intéressait alors. Et à raison. Christopher Nolan s'est en effet taillée une place de choix grâce à des films au scénario plus que surprenant, hypnotisant. On pense bien évidemment à Memento et The Prestige qui sont, à mon sens, le point d'orgue de sa carrière. Viendra ensuite la phase blockbuster avec la trilogie de The Dark Knight. Mais loin de se détacher de ce qui a fait son succès, un scénario de qualité, Nolan se lancera alors dans Inception et y loupera quelques marches. l'effet blockbuster a sans doute contraint Nolan à donner la main à son spectateur, ne le laissant plus se perdre dans ses labyrinthes. Voici donc la raison de nos craintes pour Interstellar. Et si, à l'instar d'Inception, Nolan décidait de ne plus nous laisser plonger dans un vide intersidéral ? Oui, la peur du "passage à vide" scénaristique était justifiée.

Les premières minutes d'Interstellar donnent au film une dimension humaniste que Christopher Nolan n'avait jamais autant assumée. Son travail sur les relations est poussé à son paroxysme et déjà il nous offre l'espoir. Dans un monde pré-apocalyptique la survie est devenue le quotidien de l'humanité, et la question du futur est plus que vague.

S'en suit alors l'une des plus grandes épopées de l'histoire du cinéma, un voyage incroyable à travers l'espace et le temps. Christopher Nolan ose le silence, et force l'admiration tant il se révèle être pesant et hypnotique. On sent très vite à quel point Nolan veut nous faire partager une expérience unique qui nous prend par les tripes et nous fait en réalité voyager à travers nos émotions et notre pensée. Après l'humanisme, Nolan voue un réel culte non seulement au Voyage, mais aussi au Progrès, idée que l'Homme se doit de ne jamais abandonner, même lorsque tout ce qui l'entoure n'est plus que nuit et silence.

D'ailleurs, il va très vite poursuivre dans cette voie là avec des scènes haletantes et impressionantes. Bien aidé par une bande-son formidable composée, une fois n'est pas coutume, par Hans Zimmer. Ces passages dans un premier temps accélérent tant notre respiration que notre rythme cardiaque pour finalement tout couper net, et, oppressés, le souffle s'arrête. En ce sens, Christopher Nolan offre une expérience de "cinéma total".

De plus, Christopher Nolan revient à ses principes en maîtrisant son scénario de bout en bout, lui offrant une tournure, un twist, de haut vol. Bien que plus ou moins prévisible, il est à la fois un soulagement et un choc, et donne tout son sens au besoin de science-fiction que ressentait Nolan. Et on ne peut que saluer cette envie lorsque l'on voit à quel point Nolan à su donner au genre une autre dimension, bien plus profonde, qui va plus loin que de simples effets spéciaux.
Ce qui est fascinant avec ce réalisateur, c'est sans doute sa capacité à dépasser ses acteurs. Si ces derniers sont excellents, de Matthew Mcconaughey à Michale Caine, en passant par matt Damon et Casey Affleck (donnant l'assurance qu'un Affleck fera partie du "meilleur film de l'année 2014", que ce soit pour Interstellar ou Gone Girl), c'est tout de même le nom de Nolan qui va prendre le pas sur le reste de la distribution.

Il ne fait aucun doute qu'Interstellar est le chef-d'oeuvre qui nous a été promis, et fait déjà office de figure de proue du cinéma de science-fiction, aux côtés des autres grands noms qu'il est inutile de citer, tant les comparaisons ont fleuries ces dernières semaines. Interstellar n'est pas une claque, mais une expérience nouvelle et incomparable.
vincentbornert
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le 8 nov. 2014

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le 8 nov. 2014

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