Après un premier volet très bien, et lançant involontairement la phase 01 des films Marvel, mais un second volet légèrement décevant, l'arrivée d'un nouveau réalisateur à la tête d'une des franchises les plus lucratives de ces dernières années et qui plus est Shane Black (Kiss Kiss Bang Bang, scénariste de l'Arme Fatale I & II) avait de quoi exciter la curiosité des cinéphiles. Et puis vient le premier trailer, très sombre, très dramatique, presque ou involontairement "nolanien". Les communautés en ligne s'excitent et Iron Man devient le messie attendu par une horde de fans encore sous le choc jubilatoire d'Avengers ... Iron Man 3 est une cruelle et amère déception.
Les fans hardcore du Comic seront les plus déçus mais il faut reconnaître les prises de risque de Shane Black. Son arrivée dans la franchise aussi bien derrière la caméra que devant le script lui a permis de s'autoriser quelques modifications sur la mythologie développée par les opus de Jon Favreau. Seulement, le film se trompe de cible et au lieu de continuer à en faire un modèle de la pop culture pour les adolescents et les jeunes adultes, cet opus (ultime?) est clairement destiné aux enfants. Inspiré par ses scénarios de l'Arme Fatale, il ajoute un sidekick à Iron Man, sous l'identité d'un jeune enfant. Cet aspect du film enterre définitivement le personnage cynique, égoïste pour le transformer en personnage sensible, sociable et affreusement drôle. Passant son temps à faire de l'humour dans les moments les moins appropriés, l'ensemble peut faire sourire quelques minutes mais il devient franchement exaspérant tout le long du film. Si Iron Man et Tony Stark ne faisait qu'un dans les précédents opus, ici ce n'est plus que Tony Stark qui prédomine, ou du moins Robert Downey Jr. En effet, c'est l'image provocateur de l'acteur repenti que l'on vend, c'est lui qui attire l'attention et fait sourire les fans. Iron Man n'est plus un film, c'est une image à but lucratif, un produit d'appel pour tout le merchandising qui va découler de cet opus. Un doigt d'honneur à ceux baignés dans la culture du comic-book.
Au-delà de ça, je dois reconnaître certaines qualités au film. Notamment au fait qu'il soit le plus féministe des trois opus, grâce à l'importance prise par Pepper Pots (Gwyneth Paltrow) et une nouvelle rivale dont je tairais le nom. Les amateurs d'explosion en auront pour leur grade. Quelques répliques bien senties sont présentes ici et là mais l'ensemble du film ne vous transcendera pas. Le film repose entièrement sur Robert Downey Jr., bien comme à son accoutumé, mais la transformation du personnage laisse présager le pire.
En revanche, les autres personnages du scénario sont relativement peu travaillés. Le "grand" méchant du film est raté et ses convictions pour détruire le monde sont ridicules, tant elles confèrent au caprice d'un enfant. Don Cheadle et Rebecca Hall sont trop en retrait. Iron Man 3 ressemble à un enfant qui joue avec ses figurines, qui n'invente pas d'histoire à ses personnages mais se contentent de les faire se combattre entre eux.
Le scénario est à ce point structuré qu'il en devient banal et prévisible. La gloire atteinte, la menace d'un nouveau méchant, le monde autour de Tony Stark qui s'effondre, la vengeance, le combat final; Iron Man 3 ressemble à n'importe quel film de super-héros vu et revu. Il y a dix ans, le résultat aurait parfaitement convenu, maintenant ce schéma est dépassé et la prise de risque aurait dû être d'autant plus forte, à l'image de Nolan et de l'identité sombre et réaliste qu'il a donné à l'univers du Dark Knight. L'aspect "buddy movie" adopté par Shane Black agacera les néophytes tandis que le grand public y trouvera son compte. Mais là où le film va perdre la fidélité des lecteurs du comic qui vont subir un véritable viol culturel, c'est lorsqu'ils verront le personnage du Mandarin. Une frustration de le voir réduit à ce point. Certes, il donne lieu à un twist, mais il avait le potentiel d'être un personnage à ce point cruel qu'il aurait marqué à lui-seul la saga, ce que les deux autres opus n'avaient pas réussi. Dans le ton décomplexé et jubilatoire, Avengers a réussi là où Iron Man pêche véritablement. La cohésion de l'équipe des Vengeurs donnaient lieu à de nombreuses situations humoristiques, ici elles se réduisent à des échanges avec un enfant. Et si Avengers épatait par ses effets spéciaux et sa mise en scène, ceux d'Iron Man 3 sont moins efficaces et Black n'a imprégné son film d'aucune inventivité d'un point de vue visuel et esthétique. Un produit conforme comme on en voit chaque année.
Au final, peut-être que j'attendais trop de cet Iron Man 3, de par ce trailer qui me laissait penser à un volet sombre et grave, à l'image de la trilogie nolanienne. La déception est d'autant plus grande de voir qu'un personnage comme Iron Man soit rabaissé au rang d'idole des jeunes. Iron Man 3 n'est en fait que le produit conforme et commandé par la maison-mère Disney. Pourtant le potentiel et la demande crée par le très bon opus Avengers laissait présager le meilleur mais force est de constater que ce volet inaugure très mal la phase 02 de Marvel.
L'angle adopté par ce film me confirme le combat idéologique qui va s'opérer entre DC Comics, et ses films aux allures sombres, et Marvel davantage orienté vers le divertissement familial. Mis à part Batman, ma connaissance de l'entreprise DC reste limité mais l'identité de ses films semble parti pour remporter l'adhésion de la cible que vient de perdre Marvel.
En espérant un Man of Steel réussi et précurseur pour la vague de films DC.
