Si tu crois un jour que tu l'aimes, viens la retrouver

Isabelle Huppert... Un nom tellement associé au cinéma français, l'une des actrices les plus emblématiques de ce dernier qui, pour moi, reste un mystère à bien des égards. Elle le cultive, justement, comme en témoigne ce documentaire orchestré par un William Karel aussi à l'aise que dans le registre politique, où celle-ci se raconte en voix-off à travers de nombreuses images d'archives et extraits de films, souvent choisis judicieusement, exprimant à la fois ce que celle-ci incarne en tant qu'actrice, mais aussi en tant que femme. Son commentaire est sobre, intelligent, tout en retenue, expliquant ses choix, sa manière de voir les choses, évoquant certaines de ses collaborations (surtout celle avec Claude Chabrol) avec affection, voire admiration.


Intéressant, aussi, cette parenthèse théâtrale où l'on peut voir à quel point son jeu de scène est incroyablement différent de celui sur grand écran, semblant presque identique à chaque titre mais qui ne l'est jamais totalement. Pas de chronologie précise, ou juste ce qu'il faut, ce qui est à mon sens un bon choix, le propos et le déroulement de sa filmographie restant constamment fluide. On peut s'étonner que certaines titres ne soient pas évoqués (« Les Sœurs Brontë », « Madame Bovary ») mais bon, j'imagine qu'il fallait faire des choix sur un format assez court. Et Huppert reste Huppert : on peut ne pas être en phase avec sa carrière, ce ton presque monocorde dans sa façon de réciter son texte. Mais lorsque vous avez 67 ans, tournez toujours deux à trois titres par an et êtes dans le circuit depuis cinq décennies, ça ne peut être un hasard.


Donc oui à ce « Message personnel » qui, s'il ne nous éclaire pas outre-mesure (du moins me concernant) sur la filmographie de la comédienne, si ce n'est certaines anecdotes et quelques grands écarts niveau productions (passer de « La Porte du paradis » à « Sauve qui peut (la vie) » : gros ascenseur émotionnel (et esthétique)) permet à celle-ci de se dévoiler, un peu, tout en pudeur et sobriété, mais suffisamment pour qu'on ait envie de la suivre à travers ces souvenirs, impressions, remarques (« on ne joue pas un personnage, on joue une personne : c'est beaucoup plus vaste » : très juste) : une belle rencontre.

Caine78
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le 20 oct. 2020

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