Astro-physicien génial, Steve Mills entre en contact avec une planète lointaine en survie précaire. On lui envoie Céleste, une espionne affriolante chargée de recueillir des informations sur les techniques terriennes qui pourraient sauver son monde...


Avec ce résumé plutôt énigmatique, on pourrait croire qu’on se trouve en présence d’une de ces pellicules de science-fiction bien barrée qui sait mélanger une bonne dose d’érotisme à son sujet ; un peu à l’image de BARBARELLA de Roger Vadim (1968). Sauf qu’ici on n’est quasiment pas dans un récit d’anticipation parmi des décors extravagants mais plutôt dans une sorte de comédie gentiment loufoque sur notre bonne vieille planète... Toutefois, cela ne lui enlève en rien son intérêt car la fameuse rencontre du troisième type que propose le film se présente sous les traits délicieux de cette créature fascinante qu’est Kim Basinger.


Ainsi débute donc la visite de cet « alien » plutôt particulier qui débarque sur Terre et se retrouve très rapidement confronté aux us et coutumes humaines ; à savoir s’habiller correctement, s’intégrer dans une soirée ou encore séduire un scientifique, qui plus est veuf depuis 5 ans. Il va de soi que de s’afficher en robe excentrique rouge pétante, se servir de mégots de cigarettes en guise de hors d’œuvres ou encore de s’allumer une carotte pour la fumer ne lui garantit pas d’emblée un succès affolant. Pour une première entrée en scène, après avoir offert à l’assistance médusée une interprétation toute personnelle de la chanson « Popeye The Sailor Man » suivi d’une démonstration de gymnastique, le spectateur qui découvre cette bobine hallucinée se doit bien à ce moment-là se poser des questions sur la nature très spéciale de ce long-métrage…


Le cinéma des années quatre-vingt est souvent empreint de joyeux délires scénaristiques, en particulier en ce qui concerne les comédies romantiques. Rien n’est jamais aussi surréaliste que ce genre de longs-métrages. Une année plus tôt, un employé d’un centre commercial tombait amoureux de Kim Cattrall ; en fait un mannequin de vitrine qui devenait vivant – MANNEQUIN de Michael Gottlieb (1987), et cette année-ci en 1988, voici que les Dieux de l’Univers nous envoie Kim Basinger en hôtesse d’un autre monde ! Pourquoi pas ? D’autant plus qu’il serait regrettable de ne pas succomber à la blondasse à la superbe chevelure et au sex-appeal ravageur après son passage dans les bras de Mickey Rourke dans 9 SEMAINES ET DEMIE (Nine ½ Weeks) de Adrian Lyne (1986).


Aussi bizarre que cela puisse paraître, dans ce genre d’intrigue la belle demoiselle aux origines mystérieuses s’entiche toujours d’un homme benêt mais foncièrement gentil et à la situation professionnelle guère facile. Et donc la crédibilité d’une histoire d’amour au bras d’un Dan Aykroyd ahuri et bedonnant range automatiquement ce long-métrage dans la catégorie des histoires d’amours totalement farfelues ! Cela tombe plutôt bien car J’AI EPOUSE UNE EXTRA-TERRESTRE semble totalement se moquer d’une quelconque logique et aligne les situations démentes avec un aplomb désarçonnant qu’on ne sait pas trop, au début, comment appréhender cette intrigue mâtinée de fantastique. Il ne faut d’ailleurs pas bien longtemps pour que l’on oublie cet aspect du scénario qui vire à la romance sucrée et à l’alignement de gags crétins. Toutefois, certains éléments de l’histoire permettent de détecter une certaine forme d’humour pervers bien déglingué. A commencer par « l’outil » de communication de Céleste, à savoir un sac à mains qui lui fournit toutes les réponses à ses questionnements en tant que terrienne. A l’intérieur, l’objet fétiche de toute femme recèle une sorte de serpent cyclopoïde exhorbité qui fait immanquablement penser à un pénis géant turgescent qui lui sert d’éducateur. Celui-ci lui apprend par exemple à embrasser son homme à travers une vidéo explicative allant du salut de dicateurs russes au baiser vampirique, en passant par les embrassades cinématographiques et les parades amoureuses animalières. Ainsi, on arrive à l’une des séquences-clé du long-métrage où la belle extra-terrestre offre à son bonhomme scientifique une séquence de bisouilles parmi les plus excentriques que l’on ait vu sur un écran de cinéma ! A voir pour le croire… Mais la suite de l’aventure nous réserve encore bien des surprises quand il sera venu le moment d’en venir au sexe !


Toujours à l’aide d’images d’archives mais aussi à travers des journaux coquins, la créature pénienne éduque son élève aux plaisirs de la chair à travers la pornographie. DEBBIE DOES DALLAS ! DEBBIE DOES DES MOINES !! DEBBIE DOES DUSSELDORF !!! « C’est une fille bien occupée, cette Debbie ! » s’exclame Céleste en découvrant des vidéos X sortir de son sac à main. Ou comment une extra-terrestre découvre l’amour à travers Hustler Magazine et les chef-d’œuvres du cinéma pour adultes ! La comédie romantique se transformant dès lors en bande filmique dépravée quand la belle Kim, ne portant plus qu’une jolie nuisette sexy, se déhanche au ralenti sur la chanson « Pump Up The Volume » de M.A.R.R.S devant un Dan Aykroyd passablement inquiet de voir cette bombe atomique rejoindre son lit ! Un moment de cinéma sans doute plus hilarant qu’excitant, réminiscence du striptease anthologique que la comédienne effectuait en contre-jour sous les caméras d’Adrian Lyne.


A travers ces deux scènes qui représentent sans aucun doute le summum des « déviances » de ce long-métrage qui reste toujours très familial, il ne reste plus qu’une intrigue finalement assez plate où le réalisateur utilise la gamine de son héros scientifique – Alyson Hannigan, jeune gamine de 13 ans qui est encore bien loin de son rôle dans la série TV BUFFY, TUEUSE DE VAMPIRES – comme ressort dramatique face à l’espionne d’une autre galaxie ; pour aboutir à un léger suspense qui a quand même bien du mal à décoller. Alors qu’elle découvre sa belle-mère dans des situations déstabilisantes comme l’apercevoir la nuit en train de boire via une batterie de voiture ou faire un petit déjeuner monstrueusement copieux ; l’adolescente aura bien du mal à faire entendre ses cris alarmants. Une façon rigolote de jouer avec ce personnage récurrent des scénarios d’invasions extra-terrestres qui doit révéler au Monde que les « petits bonshommes verts » ont bien débarqué sur Terre. Toutefois, le réalisateur ne gère pas très bien la dramaturgie d’une histoire qui aurait pu jouer la carte de la paranoïa en plus de celle de la comédie débridée. Mais Richard Benjamin n’est définitivement pas John INVASION LOS ANGELES Carpenter ! Et J’AI EPOUSE UNE EXTRA-TERRESTRE se déguste avec davantage de plaisir lorsqu’il nous amuse de son ambiance grotesque avec notamment un Jon Lovitz délirant en playboy de pacotille que lorsqu’il s’essaie à l’émotion et au drame lorsque l’identité de Céleste est dévoilée à son nouveau mari…


Au final, cette comédie bordélique qui part un peu dans tous les sens débouche sur une œuvre « autre » assez déroutante. Un « nanar » cosmique pour les spectateurs les plus plaisantins mais qui peut se révéler plutôt plaisante à suivre pour tout ceux que la comédie romantico-dinguo ne rebute pas. Et puis c’est aussi un véhicule à stars assez étrange. En plus de Kim Basinger qui y trouve un rôle casse-gueule assez burlesque à un Dan Aykroyd encore tout auréolé du succès de S.O.S FANTÔMES qui semble totalement extatique face aux baisers incessants de sa partenaire, on y trouve également ici quelques autres célébrités comme un tout petit Seth Green en jouvenceau avec appareil dentaire – « des bijoux de bouche » ! s’exclame une fois encore Céleste… - et surtout Juliette Lewis qui faisait ici ses premiers pas sur grand écran. Sans oublier, dans le rôle de la fille à son papa, Alyson Hannigan qui était un vrai « vilain petit canard » dans ses jeunes années.

cinephiliquement
7

Créée

le 25 nov. 2020

Critique lue 314 fois

1 j'aime

1 commentaire

Critique lue 314 fois

1
1

D'autres avis sur J'ai épousé une extra-terrestre

J'ai épousé une extra-terrestre
Babe
5

Critique de J'ai épousé une extra-terrestre par Babe

Honnêtement j'ai pris du plaisir à revoir ce film de mon enfance mais si je dois être objective il n'est vraiment pas extraordinaire. Ce n'est qu'un enchainement de situations complétement...

Par

le 21 août 2014

1 j'aime

J'ai épousé une extra-terrestre
Camille_Austen
4

Critique de J'ai épousé une extra-terrestre par Camille_Austen

Un des plus grands nanars de l'histoire. Le genre de film qu'on aime enfant parce qu'on a eu le droit de le regarder ( Le mardi c'est permis, les années 90, souvenez vous) et qu'on reverrait bien...

le 1 oct. 2010

1 j'aime

1

Du même critique

Tanya's Island
cinephiliquement
7

Bestiale vanité

Film canadien assez curieux, celui-ci débute comme un cauchemar fiévreux. Tanya tourne des vidéoclips sexy. Tourmentée, elle semble constamment agressé par son environnement. Pour ne rien arranger,...

le 25 nov. 2020

1 j'aime

Le parfum de Mathilde
cinephiliquement
7

Sauce Dorcel au parfum de Rollin

Revoir ce long-métrage qui fête déjà ses 25 ans d'âge, cela ramène à la surface une tripotée de souvenirs. Mais avant les rêveries humides qu'a pu provoquer en son temps LE PARFUM DE MATHILDE sur...

le 25 nov. 2020

1 j'aime