Même s’il est ampoulé par une morale scabreuse qui s’exprime trop fortement dans son final manqué, ou maladroit lorsqu’il s’agit de teinter sa trame mafieuse d’un soupçon de réalité romantique, J’irai au paradis car l’enfer est ici est une belle proposition qui mérite assurément le coup d’œil.


Un film noir de truands à la française qui trouve son impact en s’ancrant dans un réalisme brutal. Lorsque les flingues percutent, que les petites frappes se mettent en action, que les marionnettistes d’une organisation changeante font glisser les pions sur un échiquier à plusieurs dimensions, le malaise se fait féroce. Au royaume des salopards, nul n’est à l’abri d’une traitrise salace. D’honneur, il n’est finalement jamais question dans le film de Xavier Durringer, et c’est bien d’ailleurs ce qui fait sa singularité. Même les deux brebis égarées, pour lesquelles la rédemption est encore à portée de canon, pressent la détente sans état d’âme.


Dans sa trame mafieuse, J’irai au paradis car l’enfer est ici est une proposition solide, mais dès qu’il s’en éloigne, Xavier Durringer perd un peu pied. Son final rédempteur maladroit fait l’effet d’une excuse pour les incorrections qui l’ont précédé et sa trame romantique bancale, qui n’a d’intérêt finalement que la belle plastique d’une Claire Keim qui cache bien son jeu, empêche l’ensemble de transformer tout le potentiel en présence.


A commencer par des acteurs impliqués qui n’hésitent pas à tomber le bas quand il est question de marquer les esprits et une recherche constante de réalisme qui frappe lorsque les esprits s’échauffent : le premier interrogatoire musclé à coup de Zippo annonce d’entrée de jeu la couleur. Et la suite transformera les promesses d’une telle séquence : de violence, il est plus que question, et elle est parfaitement maîtrisé, ni trop outrageuse, ni trop romancée.


J’irai au paradis car l’enfer est ici est un film qu’on aimerait adorer, qui inspire une belle dose de sympathie. L’envie de proposer une œuvre truande choc y est sincère et à plusieurs moment Xavier Durringer parvient à associer ses optiques à la mesure de son ambition. Mais malheureusement, à vouloir trop en dire, il ne coupe jamais les câbles qui privent son film de l’envol vers les références du genre. Épuré de sa trame sociale bancale, et de la vingtaine de minutes qu’elle implique, J’irai au paradis car l’enfer est ici aurait pu être autrement plus impactant.


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le 13 mars 2016

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