Le quotidien d'une famille israélienne installée à Jaffa et l'occasion pour la réalisatrice, qui s'était déjà essayée aux portraits croisés, d'opposer deux types bien distincts : le fils biologique, Meir, jeune Israélien qui travaille dans le garage de son père avec sa soeur Mali, et Toufik employé modèle Palestinien, qui officie dans le même garage, amoureux de Mali qu'il fréquente en secret.
Un film intéressant justement dans l'étude des caractères : Meir le rebelle, mal dans sa peau, raciste invétéré qui ne cesse d'invectiver et de provoquer à tout propos et hors de propos, fier de cette hargne qui le consume, sorte de double maléfique du beau, du bon Toufik, aussi révolté et violent que le jeune Palestinien est doux et pondéré, peut-être le fils que Reuven patron du garage, sans se l'avouer, aurait aimé avoir.
Mais le drame accidentel change la donne, reléguant l'Arabe modèle au rang de vulgaire assassin, resserrant les liens familiaux autour de Mali devenue mère.
Mensonges, secret ultime, la vérité va éclater, et si l'on ne peut parler de happy end, on entrevoit cependant une belle lueur d'espoir dans la scène finale où l'enfant mène le jeu, dessinant sur le sable du bord de mer le triangle familial enfin constitué.
Juifs, Arabes, Chrétiens, Orthodoxes ou Druzes, tous, foulent les pavés de Jaffa. Impossible alors de ne pas penser aux vers de Mahmoud Darwich, écrivant : «N'es-tu pas, frère, celui qui fait entrer la mer en poésie lorsque tu la prends sur tes épaules et que tu l'installes où tu veux ? N'es-tu pas celui qui ouvre à grands battants la mer de la parole en nous ?»
Pas de bons Juifs ni de mauvais Arabes, pas de manichéisme simpliste dans ce film et c'est tout à l'honneur de la réalisatrice israélienne Keren Yedaya.