Rien de mieux qu’une comédie pour clôturer cette belle journée, en théorie. Venue des réalisateurs oblige, c’est au Cinérama Empire que la projection de Jalouse des frères Foenkinos avait lieu.


Autant l’avouer tout de suite, aucun miracle n’était à prévoir. L’écrivaillon de la Délicatesse (Gallimard, 2009) nous laissait peu d’espoir… et anéantissait sèchement toute forme d’empathie au bout d’une demi-heure. Karin Viard, dans le rôle d’une enseignante passionnée de littérature en khâgne (elle adore Bovary et son appartement du 6e arrondissement est un dédale de bibliothèques…) entretient une jalousie maladive vis à vis de sa fille « parfaite » (celle-ci fait de la danse classique, rentre avant minuit et son petit ami est noir, ce qui constitue une preuve de tolérance implicite dans le film). Toute la comédie est un ramassis de clichés : du mari quittant sa femme pour une jeunette écervelée (mais gentille quand même), des copines quadra aimant siroter un cosmopolitan accoudées au bar d’un palace (Sex and the City s’est pourtant terminé en 2004) en passant par le nauséabond : alors que la mère s’apprête à acheter un livre à une de ses élèves, elle réplique à sa fille présente que si elle n’est pas douée en littérature, au moins, elle n’est pas asiatique (rires dans la salle). Le romancier nous dévoile également une drôle conception de la littérature: la mère termine l’un de ses cours sur les Confessions par l’affirmation suivante : « Rousseau a-t-il bien traduit ses sentiments pour en faire de la littérature ? » On espère que Jean-Jacques ne se retourne pas dans sa tombe à chaque projection. Outre les dialogues plats et insipides, la mise en scène est inexistence : l’ensemble des plans se résument à des champs-contrechamps scolaires et à des plans fixes (bénéficiant parfois d’un travelling latéral, parce que les librairies parisiennes, c’est esthétique).


Si cette journée se clôt par une déception pourtant annoncée, il n’est aucunement question d’en tenir rigueur au GIFF. La variété de la programmation, qu’il s’agisse de longs métrages ou de séries, fait du festival un rendez-vous incontournable pour les cinéphiles, que l’on se réjouit d’ores et déjà de retrouver l’année prochaine.


Cette critique est une issue d'un article consacré au Geneva International FIlm Festival. À retrouver en intégralité sur : https://lemultimedia.info/2017/11/13/du-documentaire-a-la-comedie-une-programmation-heteroclite-au-giff/

Pangloss91
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le 13 nov. 2017

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