III sur X

Jason X, je connaissais ce film avant d'avoir vraiment notion de ce qu'est la saga Vendredi 13, et bien avant de devenir un grand amateur de cinéma d'horreur. Jason X est l'un des épisodes les plus récents, et j'ai l'impression qu'il est assez populaire chez les jeunes des années 2000, même ceux qui ne connaissent rien au genre horrifique ; c'est pareil avec Freddy vs Jason, beaucoup l'ont vu sans connaître aucune de ces deux légendes.

Je m'attendais à un produit "jeune", décomplexé et fun. La bande-annonce était énergique, et disposait d'une super chanson bien nerveuse de Drowning pool, pour présenter ce nouvel opus avec un Jason au look futuriste totalement badass, et puis il est envoyé dans l'espace quoi !
Ce fut une grande déception au premier visionnage. Le film est trop débile pour amuser, et pas assez fou.
C'est dommage, un film avec un visuel aussi joli, et un slogan tellement bien en français, la traduction apportant un double sens : "Le mal est mis à jour".
J'avais envie de revoir le film depuis longtemps, et je l'avais repris en considération quand j'ai revu un passage avec commentaire audio (bonus que je n'écoute jamais en temps normal, je ne sais pas ce qui m'a pris), où le scénariste faisait remarquer la mise en parallèle du réveil de Jason et la scène de sexe entre les jeunes, le sous-texte étant que c'est cela qui le ramène à la vie ! Quand on sait qu'il y a un fond puritain dans beaucoup de slashers, où seule la vierge survit, tandis que les autres se font tuer, parfois en plein acte, etc... (quand on revoit la scène en sachant ça, c'est hilarant)
Jason X était-il plus malin qu'il n'y paraissait ? Etais-je passé à côté de quelque chose ?

Hormis la séquence de générique avec pleins de transitions et d’effets en CGI réussis, on peut dire que le film commence mal, dès le texte nous informant de la localisation de la première séquence : "Centre de recherche de Crystal lake". Arrêtez, vous allez pas me faire croire qu’un petit patelin paumé comme celui-ci dispose d’un centre de recherche très sophistiqué !
Au moins, ce passage éclaircit les choses concernant les retours répétés de Jason Voorhees, puisqu’un scientifique évoque sa capacité à régénérer ses tissus, même si évidemment aucune explication n’est apportée.
Le début du film, au présent, est très grossier : la musique reprend tous les éléments caractéristiques de la BO de film d’horreur mais en les accentuant, pareil avec l’éclairage très caricatural et sans aucune logique ; l’étalonnage est très basique puisque tout est simplement désaturé et dans des tons gris ; le décor (un hangar vide), le rythme et le jeu des acteurs font penser à un téléfilm.
C’est aussi le début des incohérences à foison qu’on trouve dans ce film. Jason, avec sa vieille machette, arrive à transpercer un caisson cryogénique blindé.
Plus tard, trois soldats d’élite tirent sur Jason, qui reste sur place à encaisser les balles, mais ils ne savent pas où il est passé quand ils cessent le feu !
Une ville entière dans l’espace est détruire à cause d’UN seul vaisseau qui passe à travers deux bâtiments.
Mais alors le plus con, ça doit être cette scène où, quelques secondes après avoir été aspirée dans l’espace à travers une grille, une pauvre jeune femme ne laisse derrière elle que quelques cheveux et des bouts de chair !

C’est marrant, Jason a beau se retrouver dans un vaisseau spatial 400 ans dans le futur, il parvient tout de même à tomber sur des teenagers, car ce sont des étudiants accompagnés de leur professeur qui le retrouvent cryogénisé. On nous ressort l’histoire de l’étudiante qui couche avec son prof pour réussir ses exams, qui était déjà présente dans Vendredi 13 chapitre 8. La scène où ils couchent ensemble dans Jason X n’est pas aussi conne que dans le film précédent, mais c’est quand même ridicule et awkward.
Malgré tout, il y a quelques trouvailles scénaristiques sympas : l’idée d’introduire le système de guérison des blessures qui servira à Jason via un personnage blessé au début du film, ce qui justifie au moins la scène complètement conne où un Jason immobile car congelé chute et, de sa machette, tranche d’un seul coup le bras du mec… mais on voit l’appareil médical servir sur un autre personnage juste après ce jeune homme, donc ça ne sert à rien, en fait…
Il y a l’idée d’aborder la relation entre un humain masculin et son androïde féminin qui m’a plu, mais ça donne une scène assez ahurissante où l’androïde perd ses tétons…
Ouais nan, en fait, les bonnes idées du scénario finissent toutes par donner quelque chose de mauvais.
La seule vraie bonne idée du film, ça doit être cette confrontation de Jason avec la réalité virtuelle. Il se retrouve plongé entre autres dans une version 80s de Crystal lake, qui sert à parodier les premiers films mettant en scène ce personnage.

Le scénariste Todd Farmer a surtout réussi à trouver des mises à mort cools. Et pour une fois, on voit même Jason se prendre une raclée ! Ca fait du bien, il l’a mérité. En parlant des morts, le travail sur les bruitages est super : ce cou qu’on brise progressivement, ce personnage qui essaye de parler avec la gorge tranchée… phénoménal.
Dommage qu’une part du sang dans le film soit en CGI. D’ailleurs c’est un des seuls éléments en images de synthèse qui ne soit pas crédible ; même les vaisseaux spatiaux, ou les débris dans l’espace, sont plus réussis.
Et si on peut faire beaucoup de reproches au scénario et à la mise en scène, il faut féliciter l’équipe déco et costumes, qui a bien bossé pour rendre crédible l’univers de Jason X. En voyant les personnages, on a l’impression qu’une mode futuriste a été pensée pour le film, avec quelques habits au design à la con (je pense surtout à cette fille qui a la chemise ouverte en son centre, sans rien en-dessous), mais crédible car d’un goût aussi douteux que certains vêtements qu’on peut voir aujourd’hui.

Beaucoup de défauts dans ce Jason X, et trop peu de qualités. Il ne fallait pas s’attendre à un film sérieux ou particulièrement futé quand on emmène Jason Voorhees dans l’espace, mais quitte à faire un film crétin, autant l’assumer, en faire un délire décomplexé poussé à fond. Il aurait fallu plus d’humour, plus de gore, plus de sexe, plus d’action ! Parce que dans la dernière demie-heure, ça devient presque lent.
Peut-être aussi que le studio a cherché à restreindre les créateurs… la saga Vendredi 13 a été aseptisée à chaque épisode, par rapport à ce qui était prévu à l’origine.
Heureusement, le scénariste Todd Farmer a pu se lâcher depuis avec "Drive angry", un délire taré, fun et décomplexé avec beaucoup d’humour, de gore, de sexe et d’action !


A noter :
-Holy shit, les deux mecs de "American movie" dans l’un des bonus du DVD ! EDIT : Mike Schank dit même que "tous les gens cools aiment les films d'horreur, c'est même ce qui les rend cool", et plus tard "dans Jason X, les filles sont bien qu'elles soient nues ou mortes", ahaha c'est définitivement un paumé.
-Le visuel du DVD français reprend pleins de fois la même image de l’actrice principale qui hurle, parfois on nous montre la photo originale, d’autres fois sa tête est collée sur un corps topless, comme sur l’affiche américaine du film !

EDIT :
Les bonus du DVD sont terriblement intéressants, et pas forcément par rapport au film en lui-même, mais le cinéma en général. On y parle notamment en détail des effets spéciaux par ordinateur et du transfert de la pellicule en numérique ; je me souviens qu'il y a des années, je découvrais certaines choses pour la première fois dans ces bonus !