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Après la comédie musicale Jeannette, genre cinématographique que je n’ai jamais pu blairer donc m’ayant laissé une impression mitigée, où l’image et la vision du mysticisme de Dumont sauvent les chansons fastidieuses et trop loufoques, le réalisateur mi-homme mi-Côte d’Opale enchaîne avec la suite, Jeanne, qui traite du combat, de la dévotion, du sacerdoce de notre héroïne nationale, encore petite fille, méprisée et infantilisée et portant une armure bien trop grande et encombrante pour son gabarit, parfait symbole de la lourdeur de la tâche qui lui incombe.

Comme toujours, les décors sont très beaux, Dumont n’a jamais failli à rendre hommage à la nature dans ses films, c’est même une de ses principales force. Il va même jusqu’à filmer une sorte de ballet de chevaux pour produire une allégorie d’une bataille, chose qui ne m’a pas touché, car étant un homme hétérosexuel, je ne suis sensible ni aux ballets ni aux chevaux.

L’autre force connue de Dumont, c’est de savoir sublimer des acteurs non-professionnels dans ses films, La Vie de Jésus et Flandres en tête, ou même Hadewijch. Mais si ça fonctionne dans ces films, c’est parce que le spontané et les bafouilles renforcent le naturel des personnages, leur nature humaine est traitée d’un point de vue naturaliste, donc, ça marche. Mais ici, pour citer du Péguy et donc du soutenu, ba ça fait dissonnant. Et même si j’aime beaucoup la patte Dumont, je trouve qu’elle montre ici ses limites. Bon, ya bien Luchini en Charles VII, mais c’est de l’ordre du caméo.

Puis vient le procès, filmé dans la superbe cathédrale d'Amiens. Avoir ce cadre, ça en jette, et le peupler de magistrats religieux aux costumes pompeux qui déclament de la langue de Molière avec soin, usant de subjonctif imparfait pour embellir leur faconde dans le seul but de condamner la petite Jeanne, qui elle, essaye de se défendre comme elle peut avec ses maigres talents d’oratrice, bah ça me fout des frissons ! Un mot sur la prestation glaçante de Christophe, fredonnant quelques paroles magnifiques pour apporter un souffle de poésie à ce tribunal. Ces quelques secondes sont magnifiques, la voix quasi éteinte du chanteur, encapuchonné est vraiment saisissante, et son « Elle vivra dans l’Enfer… » trotte régulièrement dans ma tête depuis.

Une expérience encore mitigée donc, mais j’ai pris bien plus de plaisir avec cette suite qu’avec Jeannette.

Ubuesque_jarapaf
6

Créée

le 16 nov. 2023

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