Moll porte une robe jaune, comme Belle dans la belle et la bête, ça tombe bien c’est son anniversaire et tout est jaune: gâteau, déco, cuisine…. Un univers qui veut s’afficher lumineux mais qui cache une famille d’égoïstes.
La preuve c’est que même son anniversaire est fagocité par sa grande sœur qui se hisse sur le devant de la scène.
La jeune fille préfère fuir cet univers qui ne correspond pas à son caractère rebelle, elle va alors rencontrer un braconnier un peu marginal.
Ça tombe bien, elle est encore habillée avec sa robe de Belle, lui a un air d’ours mal lêché, c’est comme si leur rencontre commençait directement par la scène du bal.


Les bases sont là, ne reste qu’à créer de la tension: et Michael Pearce ne va pas s’en priver.
Moll veut s’émanciper d’une famille qui l’oppresse, on comprend que le ténébreux et crasseux Pascal présente le double avantage d’être à son goût et pas du tout de celui de ses proches.


Très vite on est emporté dans le film qui alterne les paysages sauvages et venteux de Jersey, les focus sur un couple d’acteur convaincant, et puis toute l’atmosphère liée à la présence d’un tueur en série sur l’ïle. Tout est fait pour que chaque moment de légèreté soit compensé par un retour à la noirceur.


Quand vient le fond du film on est déjà conquis, autant dire que la réflexion sur la confiance mutuelle, sur la façon de gérer la vie avec le doute, de choisir de croire, et qui sait peut être aussi de vivre avec d’atroces certitudes, tout ça vient renforcer et conforter la bonne appréciation qu’on avait déjà du film.
Moll est attachante de bout en bout, perturbante parfois dans la fureur qu’on sent poindre. Sa rencontre avec Pascal, leurs ressemblances semblent si évidentes qu’on a du mal à anticiper le virage que prend le film.


On peine, mais on n’est pas seuls, on est avec Moll, et notre mal-être se reflète chez elle.
**Jersey affai**r n’est pas qu’un conte, c’est aussi une étude sur la confiance: celle qu’on peut chercher en soi, celle qu’on essaie de donner, celle qu’on tente de gagner, et comment on peut gérer la trahison quand elle survient.


Jusqu’à une dernière scène parfaite, qui vient clôre un joli film aussi intrigant que terrifiant.
L’accroche du film “jusqu’où seriez vous prêt à aller par amour” peut paraître pompeuse ou niaise, pourtant elle reflète exactement le propos du film et la question qui est soulevée.

iori
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le 30 avr. 2018

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