Hier, "Oscar" et aujourd'hui "Jo".

Par rapport à "Oscar" qui tourne autour des histoires (légères) de famille, "Jo" introduit une composante policière avec un cadavre bien encombrant. Dans "Oscar", il n'y a de suspense que le comportement imprévisible de De Funès face à sa fille et au(x) prétendant(s). Dans "Jo", le sujet est (légèrement) plus sérieux puisque la question est de savoir si De Funès va réussir à se débarrasser du cadavre au nez et à la barbe de la police.

Les lieux d'action dans "Oscar" sont très centrés sur l'appartement qui comportent certes plusieurs étages pour lesquels Molinaro se contente de déplacer la caméra pour la laisser en plan fixe. "Jo" bénéficie de beaucoup plus d'extérieurs et Girault peut s'éloigner un peu plus du théâtre filmé. Ça reste quand même bien du théâtre filmé car, sorti des scènes en extérieur, les mouvements de caméra sont peu fréquents et dans une pièce donnée, les caméras sont plutôt fixes comme si la scène était vue d'un lieu donné (comme dans un théâtre).

Le comique repose sur les mêmes règles que chez "Oscar". Je ne dispose pas de "Pouic Pouic" mais je suis bien certain qu'on trouverait encore les mêmes recettes. Les gags se suivent avec un rythme infernal et relèvent des classiques "comique de situation", "de répétition" ou "de caractère".

C'est probablement le comique de répétition qui m'agace le plus.

Par exemple, lorsque le bras du cadavre se détend et finit par se voir. Le pauvre De Funès s'escrime à le cacher, à le coincer, un peu en vain. Une fois, deux fois, trois fois, à la dixième, je craque : "Alors, tu y arrives, De Funès !". Et non, il n'y arrive pas et moi ça ne me fait plus rire du tout. Non, ce gag-là ne marche pas sur moi…

La bonne (Christiane Muller) ! Au début, elle surprend la répétition du crime et part dans un rire hystérique quand elle comprend que c'est pour du faux. Très bien, "une fois", c'est même amusant. Le problème, c'est que chaque fois que la bonne va apparaître, il y aura ce même rire hystérique. Et comme elle apparaît souvent … Là, encore, c'est un truc qui passe parfaitement au théâtre car ça contribue à donner de l'air à la pièce. Au théâtre, l'entrée intempestive du personnage "stéréotypé" dans une scène quelconque casse le rythme et déclenche automatiquement le rire des spectateurs car le lieu du théâtre est tellement clos qu'un dérivatif peut s'avérer nécessaire pour détendre ou occuper ou détourner l'attention du spectateur. Au cinéma, je trouve que ça marche nettement moins bien.

D'un point de vue casting, "Jo" présente quand même le net avantage d'avoir un choix d'acteurs plus "solide" que dans "Oscar". Par exemple Galabru en maçon légèrement escroc ou Bernard Blier en inspecteur tenace et suspicieux. Même Claude Gensac a plus de présence et d'ascendant sur son mari.

Parmi les points positifs, notons quelques trouvailles comme les hauteurs respectives de Blier et De Funès sur le canapé (si j'oublie les nombreuses répétitions qui s'ensuivent …)

Un point m'a turlupiné car non expliqué dans "Jo". Comment De Funès et sa femme ont réussi à faire entrer le cadavre dans la malle ? Après avoir scié le cadavre ?

Bon, au final, je reconnais bien volontiers que De Funès fait un abattage considérable dans "Oscar" et dans "Jo". Ah, on peut vraiment dire qu'il la mouille la chemise ! Mais justement, pour ce qui me concerne, n'en fait-il pas justement un tout petit peu trop ? De Funès au cinéma (des "Gendarmes" à la "Grande Vadrouille" ou au "Corniaud") me semble mieux passer car, peut-être, mieux contrebalancé ou mieux dosé.

"Oscar" ou "Jo", dans leur conception sont assez analogues. En définitive, je vais leur attribuer la même note

JeanG55
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le 21 mai 2022

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JeanG55

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