Clint Eastwood s'est sorti du western italien en trouvant un personnage de flic réac et violent nommé Harry Callahan. On peut donc penser qu'en produisant un western aussi classique et manichéen que Joe Kidd (écrit par Elmore Leonard), il ait voulu échapper à cet autre piège que fut le succès phénoménal de L'Inspecteur Harry, et avec ce western, Clint revient à son genre fétiche, le western américain, sorte de cocktail à la mode au début des 70's de western "made in Italy" (avec un recours à la violence souvent gratuite) et de western US progressiste, où il campe encore une fois un justicier forte tête et indépendant. Le ton est d'ailleurs à peu près le même que dans Pendez-les haut et court (qu'il tourne juste après son retour d'Italie) et Sierra Torride en 1970. Ce retour au western sera transformé ensuite par L'Homme des hautes plaines qu'il réalisera en 1973.
Le film est nettement mieux inspiré que Chino qui sera le western suivant de John Sturges, même si on ne peut le placer au niveau des meilleurs westerns d'un réalisateur qui a donné Règlement de comptes à OK Corral, le Trésor du pendu, le Dernier train de Gun Hill, Fort Bravo et surtout les Sept mercenaires... qui témoignaient d'une perfection dans le style narratif. C'est une réalisation impersonnelle, mais Sturges a suffisamment de métier pour boucler ce film soigneusement et pour éviter l'ennui au spectateur.
Clint y incarne le héros macho et imperturbable, fidèle à ce type de personnage qu'il a peaufiné chez Sergio Leone, avec son air taciturne et juste un petit pincement de lèvres pour toute réaction dans certaines scènes, mais tirant toujours aussi vite et juste. Il est parfaitement secondé par une escouade de "gueules" hollywoodiennes comme Robert Duvall, John Saxon, Paul Koslo, Jim Wainwright et Don Stroud (qu'il avait déjà affronté dans Un shériff à New York). Un honnête divertissement.