Dans une de ses vidéos (https://www.youtube.com/watch?v=WvMoOl37ITQ), l'énigmatique Mozinor revenait avec passion sur un mal qui nous touche tous: le fameux Syndrome de Bambi. En effet, suite à la vision traumatisante d'un certain long-métrage Disney lors de notre enfance, il nous est à présent impossible de contenir la moindre émotion, la moindre larme, face à la mort d'un animal bien innocent. Qu'un être humain, jeune, vieux, homme, femme, enfant, alien, trépasse, peu importe, cela ne risque pas d'assombrir notre journée. A l'inverse, si un chien, hamster, faon, kangourou ou tout représentant du règne animal (sauf les chats, ces enculés de leur race), en vient à passer l'arme à gauche, les portes du désespoir s'ouvriront et nous engloberont pour ne plus nous lâcher.


Et cela, le scénariste Derek Kolstad l'a bien compris, tant son script joue constamment avec notre empathie pour une frêle petite chienne lâchement assassinée par ce salopard de Theon Greyjoy, définitivement pas à un coup fumant prêt. Mais c'était sans compter sur ce bon Keanu Reeves qui, déjà fragilisé par la mort de sa femme (bon, ça, encore...), va sortir de sa confortable retraite pour reprendre du service, lui que l'on surnommait autrefois dans le milieu Baba Yaga. Autant dire que ces fumiers vont se prendre une sévère poignée de gravier dans le fondement.


Vu comme ça, John Wick semble très con et rappelle les heures de gloires de Steven Seagal période Nico ou Echec et mort. Cela tombe bien, puisque c'est justement le principe du premier film de David Leitch et Chad Stahelski, coordinateurs de cascades depuis déjà un bail. Un passé dans le ciné d'action qui leur permet justement de se démarquer d'une concurrence se reposant bien trop sur un montage chaotique et sur la shakycam, en proposant au contraire un sacré paquet de séquences d'action miraculeusement lisibles.


Et bordel, ce que ça fait du bien de pouvoir enfin comprendre ce qui se passe sous nos yeux et de pouvoir admirer de sympathiques chorégraphies au milieu desquelles Sad Keanu dégomme du truand comme s'il avait encore trente ans. Rien de révolutionnaire là-dedans, ni de réellement transcendant, mais le plaisir purement régressif de se mater un bon petit polar du samedi soir bien foutu et (relativement) jouissif.


Certes très con et manquant de véritables punchlines à la Shane Black, John Wick est un premier long-métrage étonnamment efficace et respectueux d'un savoir-faire que l'on pensait à jamais disparu. Une petite mignardise peut-être calorique mais qui fait un bien fou, portée par une mise en scène soignée et par un casting composé d'excellents seconds couteaux. Et puis merde, quoi, fallait pas lui buter sa chienne, à Keanu !

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le 27 déc. 2015

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Gand-Alf

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