Un titre pareil, ça faisait rêver, c'était trop beau pour être vrai.
C'est très mauvais. Le scénario est au fond très misérabiliste : l'auteur ne donne pas vraiment de moyen à son personnage pour s'en sortir, elle va donc en baver et ne s'en sortir que par la force des choses, le plus souvent une courte scène qui n'aura nécessité aucune préparation dramaturgique (elle quitte son mec ou son job du jour au lendemain). L'accumulation de désespoir est contrebalancé par des moments un peu niais où l'auteur transmet son message au travers de dialogues manquant de finesse. Le plus gênant étant cette fin, où l'héroïne semble avoir compris ce qu'elle devait comprendre, le partage avec tout le monde (spectateurs et amis), découvre que les autres aussi ont découvert le bonheur, le tout en quelques phrases très directes. S'il avait pu y avoir une réelle évolution ça aurait été bien, mais on ne comprend jamais vraiment ce personnage qui va renoncer au sexe pour l'amour et puis l'inverse. On a du mal à comprendre les enjeux aussi : pas d'objectif principal, pas de conflits non plus (conflit = obstacle surmontable).
Ce qui est dommage aussi, mais là on entre vraiment dans la question de goût, c'est que ce soit traité de manière aussi mélodramatique : les scènes d'amour sont surtout intenses et romantiques, tandis que les scènes où ça va mal sont très sombres. C'est une manière un peu naïve de représenter la nymphomanie je pense, ça manque de couleurs, ça manque aussi d'un regard personnel, comme si l'auteur ne connaissait pas son sujet du tout, que ça partait de ce qu'il imagine être une nymphomane, et surtout d'un point de vue humaniste, alors que l'humanisme n'a rien à voir avec une orientation sexuelle, aussi déviante soit-elle. Et puis, j'ai trouvé cela de très mauvais goût de tout de suite comparer nymphomanie et prostitution, comme si l'auteur tenait avant tout à ce qu'il n'y ait pas d'amalgame, et puis en même temps c'est l'occasion de cracher sur ce 'triste' métier.
La mise en scène n'est pas très inspirée. Je ne demandais pas à ce que ce soit porno mais juste que les scènes de sexe soient un minimum érotiques : ce n'est jamais le cas ! Il n'y a aucune préparation scénique. Le découpage en soi n'est pas mal, mais l'auteur ne cherche pas à faire monter la pression, il se contente de montrer des gens qui font l'amour joliment : ce n'est ni cinématographique, ni réaliste (double échec). Les acteurs ne sont pas mauvais, mais sont dirigés comme des pantins : il n'y a pas vraiment de nuance dans le jeu, pas une once de subtilité. C'est comme l'utilisation du symbolisme : il suffit que l'héroïne détecte je ne sais plus trop quelle odeur de parfum pour que le plan d'après on la voie se faire fouetter le nez avec la plante qui porte cette odeur... c'est un peu ridicule. Les scènes étant assez mal construites narrativement, le réalisateur ne se donne pas vraiment la peine de lier le tout et ainsi, le film paraît encore plus décousu qu'il ne l'est déjà sur papier.
Bref, "Le journal d'une nymphomane" est un film assez pauvre : une mise en scène peu inspirée et une histoire peu inspirante... quel dommage !