Après avoir inspiré près d’une centaine de long-métrages grâce à Matrix et d’avoir su autant se faire haïr à cause de Cloud Atlas, éternel incompris, les Wachowski décident d’en remettre une couche et de livrer une nouvelle fois une fresque de Science-Fiction comme ils savent si bien le faire.
Initialement prévu pour l’été dernier Jupiter Ascending fut repoussé en raison des choix des réalisateurs qui ne trouvaient pas les effets spéciaux assez réussis. Initiative qui à portée ses fruits a la vue du rendu final spectaculaire et bluffant. Bien que la tournure visuelle générale soit un des points les plus délicats du film car même s’il est intouchable de par son progrès technique, son omniprésence vient enlever la saveur de l’effet de surprise. En effet, une grande partie des plans sont réalisés sur fond vert, même si quelques-uns sont assez maladroits dans l’incrustation des acteurs, le problème n’est pas là mais dans la surenchère continuelle à vouloir trop en faire, le spectacle en devient anecdotique, c’est dommage au vu de la claque visuelle que représente un tel space opéra, là où Les Gardiens de la Galaxie avaient su récemment convaincre, Jupiter vient parachever cet idéologie moderne et joussive. Il aurait sans doute mieux valu de rendre le tout moins tape à l’œil et de créer un peu plus d’originalité dans le script.
Car oui le script est bien loin d’être mauvais mais constitue tout ce qu’on su faire et engendrer les Wachoski toutes ces années avec ce symbolisme d’élu intouchable. Bien que l’univers soit riche et vaste, qu’un total travail de mise en scène et d’immersion du réalisateur ai lieu, l’intrigue n’en reste pas moins prévisible. Au vu du contexte actuel ce n’est pas un réel défaut (bien rare sont les films à décupler de surprises constamment) mais c’est étrange d’être si audacieux dans l’atmosphère et le design de tout ce qui constitue l’univers de Jupiter (Alien,Costumes,Décors,etc..) qui vient parfois donner un coté too much comme Dr Who sait si bien le faire et de ne pas tenter de nouvelles choses que ce soit au niveau des dialogues ou des péripéties.
Quelques critiques sociales viennent estampiller le scénario sans réel continuité mais rien que de les avoir évoquées montre à quel point les Wachowski sont des activistes indépendants qui ne font que ce qu’ils aiment. Jupiter Ascending n’en reste pas moins divertissant et intéressant, notamment grâce à un duo interprété par Kunis et Tatum qui apportent une touche de fraîcheur au ressenti général. Les acteurs manquent cruellement de suivis lors de certaines scènes, heureusement ça n’arrive pas au duo principal qui sans ne jamais valoir un oscar, jouent de façon sobre et correcte. Ce n’est pas le cas de tout le monde, certains personnages ont du mal à montrer leur meilleur jeu d’acteur, Redmayne ou Booth en font partie, entre autre. C’est dommage Jupiter aurait mérité un meilleur antagoniste pour approfondir ces idéologies si sérieuses interprétées maladroitement dans tous les sens. Rares sont les moments où la tension est de mise, si ce n’est pour le sort des personnages, celui de l’univers n’est rarement qu’une excuse pour continuer l’intrigue.
Jupiter est bien loin d’être mauvais mais n’arrive pas à accomplir tout ce qu’il promet, les Wachowski voulaient surement trop en faire, que ce soit l’univers, les éléments scénaristiques, les effets visuels, tout aurait été excellent si la pellicule aurait tenu le double de temps. En délivrant deux heures de longs métrages Jupiter en ressort comme un bon divertissement et non le chef-d’œuvre SF qu’il aurait pu être avec toute cette ambition.
Mais s’il y a bien une chose qui est indiscutable et qu’il ne fallait pas oublier dans tout ça c’est la bande originale. Composée par Giacchino à qui l'ont doit son excellent travail sur Lost, réalise ici une bande son à mi-chemin entre le blockbuster et le péplum, mélangeant symphonie et modernité, l’intégralité est un régal, que ce soit lors de scènes d’actions et séquences d’émotions, un mixage minutieux et un système Dobly Atmos viennent ainsi enjoliver une composition des plus réussie.
En conclusion, les Wachowski nous offrent encore une fois un de leurs bébés qui a sans doute trop d’ambitions et qui malheureusement n’arrive pas à tout dévoiler sur ces courtes petites heures mais n’en reste pas moins un délice visuel et sonore qui en font un bon divertissement.