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Ô fossoyeur, de ta pelle naquit la mort,
Du malheur auquel l’inertie démord,
Et de l’amour jouit l’impudicité et la liberté
Et de ta liberté, la mort se tord.


C’est avec ces vers que je présente le film « Until the end of time », le premier long-métrage de Yasmine Chouikh.
Il est évident que ce film fauche l’impoésie du cinéma Algérien, un secteur dénué de sensibilité, de sentiments et de joliesse depuis de très nombreuses années.
Un cinéma algérien en manque de repères et de tendresse, des films de guerre à la décennie noire et du débat sur « guerre civile ou pas » en passant par les semblants de films dramatico-tragique et les sombres et pathétiques productions de télé avec un humour barbare et primitif.
Ce film n’est pas seulement la faucheuse qui nous libère de cette tragédie nationale (le cinéma local) mais c’est aussi le messie qu’on attendait : Un film sans clichés, techniquement professionnel et beau, scénaristiquement captivant avec un humour subtil et plaisant.
Yasmine Chouikh ne raconte pas une histoire, elle féconde un monde d’histoires.
Nous retiendrons cette histoire romantique et comique entre Ali (interprété par Boudjemaa Djillali, célèbre dramaturge algérien) et Johar (Djamila Arres, cette comédienne qui a fait pleurer des centaines de familles algériennes à travers son célèbre rôle du feuilleton algérien « Chafika » et bien plus) ce couple qui peine à exprimer des étincelles d’amour, une pudeur qui finit par se dévoiler au cours du film.
Jusqu’à la fin des temps, traite aussi du rapport vie/mort dans une société qui se joue du sacré, d’un côté la tristesse de perdre ses proches et d’un autre côté la peur de mourir seul.
Ce qui rend encore plus intéressant cet aspect du film, c’est l’implication de Nabil (Mehdi Moulay) dans le film, il était nécessaire d’inclure la jeunesse, pas seulement physiquement mais idéologiquement aussi, il représente cette nouvelle génération algérienne qui veut entreprendre, qui est créative et innovatrice, n’hésitant pas à jeter les codes moraux du conservatisme et du sacré pour exprimer son envie de devenir entrepreneur en pompes funèbres.
Nous citerons aussi Djeloul (Mohamed Takiret) le jeune fossoyeur poète, amoureux, romantique en quête de son paradis intime avec Nassima (Imen Noel)...
Je souligne aussi la performance de tous les acteurs choisis, avec leur naturel, chacun d’entre eux s’est impliqué corps et âme !


Pour finir, une mention spéciale pour la belle image proposée par la production et les jolis plans offerts par Yasmine Chouikh, un véritable régal pour les yeux.
Vous l’avez compris, c’est un film à voir !

brahamizakariagmailc
8

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Créée

le 12 avr. 2018

Critique lue 1K fois

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Zakaria Brahami

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