Du DC Universe, nous en voyons l'avenir à travers cette pétarade monstre de Justice League. Attendu comme l'opus ultime de l'écurie à la chauve-souris et au Super-Yankee, le futur se pose là à grand renfort d'effets numériques bordéliques, juste de quoi vomir dans l'œil du spectateur avide son spectacle de la semaine. Dans les faits, on a droit à notre lot d'ardeur, de muscle et de divertissement basique (après tout c'est ce que nous sommes venu chercher), rien de déplaisant à cela, Snyder semble alors offrir une meilleure main que sa piètre paire de deux, Batman Vs Superman. Et s'il faut empiéter sur les plates bandes du géant Marvel pour cela, quid, car de toute façon le public n'y verra aucune différence.


Superman mort, le crime prospère de nouveau, laissant la justice redoubler d'efforts pour un vain pécule. Face à ce constat bien sombre, l'ami Bruce Wayne compte bien assurer à la planète sa sécurité. Et par sécurité il entend monter son équipe de méta-humains, lâcher millions sur millions et reprendre cape et masque en dépit de son âge mûr. C'est accompagné d'une Wonder woman plus si niaise, d'un Aquaman ultra viril, d'un Flash en caution comique et d'un Cyborg en 3D moche que Batou va se confronter au premier obstacle de poids pour sa ligue : Steppenwolf (littéralement le coyote).


Et le coyote il en a gros après s'être fait démonter le châssis par les dieux de l'Olympe dans l'ancien temps. A l'époque il tentait de s'emparer de trois cubes de pouvoir (entendez tesseracts marveliens) sur le bon concours de cette sale race de Darkseid. Aujourd'hui, il revient pour...la même chose à vrai dire. Le chaos, la destruction, l'entropie dans toute sa splendeur, voilà des motivations de vilains très originales... Toujours est-il que le coyote et son armée d'insectes géants convoitent ses boîtes qu'on confia aux Hommes, aux Amazones et aux Atlantes, afin de les réunir (on est pas passé loin du "et dans les ténèbres les lier").


Pas grand chose à dire de plus sur la mise en place du scénario, ce genre de bousin pourrait se dériver en une quinzaine de films qu'on se retrouverait constamment devant la même œuvre.


Et c'est là un des points que j'aimerai discuter sur ce Justice League qui, bien que demeurant un très bon divertissement comme il en faut parfois, fait pour autant sentir que derrière la belle affiche inspirant le renouveau du genre super-héros se cache un produit tout à fait banal, carré, sans surprise aucune. Je ne dis pas là que ce cinéma n'a aucun intérêt, ce serait nier mon goût personnel pour la pyrotechnie. J'exprime simplement le fait qu'il n'y a rien de bien marquant là dedans. On est face à une œuvre qu'on oubliera sans mal avant même la sortie du prochain DC, une sorte de film kleenex dont la charge est encore une fois de mettre en place de futures intrigues à grand coup d'origin story (pas dénués de moments appréciables ici mais tout de même bâclées).


On découvre néanmoins un élément important avec Justice League ; à savoir l'alignement constant avec ce qu'a déjà pu produire Marvel. Ce dernier empochant l'oseille par millions (en particulier grâce aux Avengers) est déjà bien trop loin pour DC. Alors plutôt que de construire un univers plus mature, plus sombre, faisons comme le voisin et tâchons d'insérer (doux euphémisme) un bonne dose d'humour pour décrédibiliser une éventuelle tension. Non pas que cela ne fonctionne pas, au contraire, on s'amuse assez, cependant l'inspiration s'avère bien trop évidente et grossière, n'en déplaise à l'ami Joss Whedon, crédité au scénario.


Il y a cela qui, après tout, n'est pas une critique sur la qualité de l'exécution ou de l'émotion ressentie mais davantage sur le manque d'inspiration et l'évidente facilité à en faire un produit consommable dans l'immédiat, il y a cela disais-je et puis il y a tout le côté visuel. Si les chorégraphies et autres scènes de batailles sont suffisamment épiques pour t'accrocher sans te laisser filer, on ne peut pas nier que visuellement c'est un immense ratage. Je ne sais pas ce qu'ont les films à vouloir absolument dégueuler de la 3D et des effets spéciaux et autres fonds verts à tout bout de champ comme si calmer le jeu et offrir de l'organique, du réalisme, revenait à faire moins bien. Et qu'on me fasse pas croire qu'il s'agit là d'une question d'économie lorsque l'on sait qu'on vient d'en bouffer pour 300 millions. Non, je ne peux pas me résoudre à taire cela mais je trouve que les effets spéciaux, les cgi, tous les visuels numériques ou presque tous sont affreux. Les créatures sont laides, Cyborg inspire un grand malaise en face-cam´, tout sonne faux et artificiel lorsque la fiction d'une œuvre est sensée t'immerger complètement dans son univers. Après tout, peut être peut-on voir en la nervosité de certains plans numériques une volonté de gigantesque cache-misère. Le fric est balancé mais qu'importe car le spectateur n'aura pas le temps de voir qu'un tel est dégueulasse, son attention est déjà sur le plan suivant.


Quelque part, le constat est alarmant concernant les productions de demain. On avait déjà gueulé contre le Hobbit qui perdait en crédibilité par son aspect du tout-numérique face à son aîné, on peut se permettre d'éprouver quelques réserves sur ce Justice League concernant son vieillissement.


Et pourtant le moment passé devant le film ne fut pas mauvais encore une fois. Le divertissement est présent et ravira sans doute quelques uns, néanmoins l'aspect produit marketing lambda ne peut, hélas, qu'être irritant.

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le 16 nov. 2017

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Fosca

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