Jess Franco, bon père de l'exploitation érotico-horrifique se lance dans une adaptation du marquis de Sade. Miam, nous salivons déjà. A quoi peut-on s'attendre toutefois d'un amateur de fessier maquillé qui se frotte à un libertin dissertant librement de philosophie ? La réponse est simple, un coup de pied dans les valseuse de la philosophie, et une aseptisation totale du côté pornographique. Que reste-t-il à se mettre sous la dent ? Une trame rachitique et édulcorée, où le mordant de la provoc sadique laisse la place à d'innocentes turpitudes comme une scène de fessée ou un petit pelotage de rien du tout. Voir nos acteurs qui se mordent la langue de façon sadique en pinçant un téton, y a pas à dire, ça me rappelle mes classes de primaires quand je tentais de m'appliquer pour bien écrire. C'est un peu court ici. Je me rappelle par exemple d'un épisode amusant avec deux nobles homosexuels qui s'amusent à torturer justine en y mettant toute leur haine du sexe féminin avec une bonne dose de décadence. L'épisode devient ici une bluette campagnarde avec un lointain sous entendu homo, donc le seul respect du texte original consiste en un marquage au fer rouge vite expédié. Dans le genre aseptisation, c'est aussi sévère qu'american psycho ou Lune de fiel.


Tout n'est pas cependant à jeter dans cette adaptation. Quelques beaux éclairages (dans le bordel notamment), une ou deux scènes oniriques à la sensualité évocatrice (où l'on sent un investissement réel de Jess, qui enfin s'empare du genre sexploitation avec fougue), et une mise en scène kitsch qui ne manque pas de charme. Hélas, c'est peu. Surtout quand on a Klaus Kinski dans le rôle du marquis de Sade (orgasme immédiat du cinéphile) et on le voit simplement gratouiller une page pendant tout le film (come on ! Il n'asticote même pas sa plume du bout de la langue, et on veut nous faire apprécier le personnage ? Mais rendez nous Quills, put*in !). Du potentiel bien gâché, amateur de bis ou pas.

Voracinéphile
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le 22 févr. 2016

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