Karakoram
Karakoram

film de Marcel Ichac (1937)

14 années avant la victoire sur l'Annapurna de Maurice Herzog et Lechanal, Marcel Ichac avait déjà filmé une tentative, celle d'atteindre le Hidden Peak culminant à plus de 8000 mètres, le tout en 1936, à la veille de la seconde guerre mondiale, en plein front populaire, où l'on arborait encore fièrement le chapeau colonial !


Autant le film suivant avait déjà un ton un peu paternaliste envers les népalais, ici c'est "mieux" encore, on fait rêver le français resté chez lui, on lui montre que l'Inde est comme on pouvait se l'imaginer dans les romans de Kipling, de Verne et je trouve ça fascinant. Parce que ça ne donne qu'une seule envie, d'y aller, de partir également à l'aventure, de voir ces paysages encore inconnus, pas encore déformés par le tourisme de masse, de pouvoir tout simplement être l'un des pionniers.


C'est donc dans un contexte qui m'excite fortement que se déroule ce film qui m'a déjà acquis à sa cause avant même qu'il ne commence. Et il est très symptomatique de son époque coloniale, limite on se croirait justement dans l'homme qui voulu être roi... mais en plus énorme, ici ce ne sont pas deux personnes qui partent, mais des centaines, on peut voir une armée de porteurs... ça en devient totalement absurde tant c'est démesuré... et finalement tout ça pour échouer. Évidemment ils ne pouvaient pas réussir puisque Herzog a vaincu le premier 8000 toujours sous la caméra d'Ichac 14 ans plus tard.


Et finalement en voyant ces images, dont j'aurai rêvé faire partie, je comprends pourquoi certains défendent le style alpin face au style expédition, pourquoi partir juste avec son sac, sans porteur serait plus "digne" pour gravir une montagne que d'avancer avec des dizaines, centaines d'hommes qui portent tes affaires, ta bouffe et toi qui monte, qui monte... mais qui peut revenir au camp de base si les choses se passent mal, etc. J'ai l'impression que justement cette manière de faire de l'alpinisme est datée et que si ça reste extrêmement dur, ça témoigne d'une autre époque, où la technique et la technologie ne permettaient pas d'atteindre ces sommets autrement et maintenant on s'en sert pour vendre tel ou tel sommet chez un tour opérateur. Dommage. C'est pour ça que je préfère Gasherbrum de Werner Herzog, où la mentalité est toute autre, loin des sentiers médiatiques et commerciaux.


Bref je suis fasciné par tout ça, par la démesure et la beauté de la montagne, par l'ambiance coloniale, par l'esprit d'aventure, par cette époque où tu peux te préparer à un grand effort physique tout en fumant nonchalamment ta pipe... Moi aussi j'ai envie de vivre ça...


Reste que les commentaires d'Ichac (si c'est bien lui qui parle) sont parfois un poil gavant, mais moins que dans Victoire sur l'Annapurna si je ne m'abuse, mais le silence face à la beauté des montagnes c'est parfois la meilleure chose à adopter. Surtout que le film ne s'intéresse pas tant que ça à ses personnages. Mais il vaut mieux, parce que dans le film suivant ça suçait quand même goulument Maurice Herzog.


Bref j'ai beaucoup aimé, je suis conquis et ceci même si c'est totalement imparfait.

Moizi
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le 3 déc. 2016

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Moizi

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